Les prix exorbitants des bêtes empêcheront la plupart des Oranais de cuisiner le traditionnel méchoui pour la plus importante fête de l’Islam. Les moutons destinés au sacrifice de l’Aïd Al-Adha, la plus importante fête religieuse pour les Algériens, envahissent depuis quelques jours les places mais les acheteurs se font rares, rebutés par les prix « exorbitants » du bétail. «Mes trois enfants seront privés de méchoui cette année. Le prix du mouton est trop élevé et j’ai d’autres priorités », confie un gardien de 42 ans, qui sort d’un marché à Aïn Beida, une agglomération populaire à Oran. Les prix du mouton, qui restent libres et soumis à la loi de l’offre et de la demande, varient cette année entre 30.000 dinars et 60.000 dinars pour un mouton de qualité. Le salaire moyen n’excède pas 18.000 dinars alors que les prix notamment de la viande ont fortement augmenté depuis quelques années. Au Rocher, transformé en point de vente de bétail à la veille de la fête, les citoyens s’agglutinent, tournent en rond, tâtent les moutons, s’informent sur les prix et s’en vont presque aussitôt, à contrecœur. « Je ne peux pas acheter à ces prix exorbitants! », dit une dame d’un certain âge qui a du mal à traîner ses deux enfants loin du marché. « Je suis triste pour eux, le mouton c’est la joie des enfants mais elle est gâchée par la flambée des prix », déplore-t-elle. Selon les dernières statistiques, près du quart de la population est considérée comme pauvre et subit de plein fouet le renchérissement du coût de la vie. L’offre a, cette année, dépassé la demande et de nombreux paysans ont préféré retourner chez eux avec leurs moutons plutôt que « de vendre à perte ». Pour leur part, les familles espèrent, pour faire face aux dépenses de l’Aïd, que les autorités avancent le paiement des salaires. Enfin, il est utile de rappeler que même les Imams appellent tous les vendeurs à baisser les prix pour permettre à un grand nombre de fidèles d’accomplir le sacrifice.