Assassinat Matoub Lounès. 25 ans déjà!

Durant ce week-end, le village de Taourirt Moussa a été le lieu de pèlerinage et de recueillement pour des milliers de citoyens, venus des quatre coins de l’Algérie, pour commémorer la mort du chanteur adulé, Matoub Lounès. Très tôt, depuis vendredi, des foules compactes de personnes commençaient à affluer vers le lieu de l’assassinat du rebelle, au lieu-dit Thala Bounane, sur la route menant de Tizi-Ouzou à Beni Douala où des gerbes de fleurs ont été déposées, avant de continuer vers le village du chanteur pris d’assaut déjà par des dizaines de centaines de personnes de tout âge. De ces foules compactes, l’on reconnaitra des figures politiques, sportives et culturelles, mais aussi de la société civile et autre figure de proue des différents mouvements. La Fondation qui a pris le nom de Matoub, a concocté, pour l’occasion, un programme aussi riche que varié contre l’oubli et pour œuvrer «en tant que structure ONG à travailler avec persistance pour la vérité sur l’assassinat du Rebelle ainsi qu’à perpétuer et protéger son patrimoine matériel et immatériel. C’est sur cette lancée que l’équipe de la Fondation s’est toujours efforcée, contre vents et marées, depuis des années, à accueillir «les pèlerins» chercheurs de savoir de la mémoire et de la justice, au tombeau et au domicile de Matoub Lounès. Le programme de la commémoration du 25ème anniversaire de l’assassinat de Matoub Lounès a débuté, ce week-end, par des hommages au chanteur à travers plusieurs régions de la Kabylie. Des programmes concoctés par des associations et autres collectifs culturels pour que nul n’oublie. Il convient de rappeler que Lounès Matoub a été lâchement assassiné le 25 juin 1998, avant la sortie de son dernier album, Lettre aux…, qui lui a valu le disque d’or. Il a repris, dans cet album, l’hymne national Kassaman pour le chanter en Kabyle (Aghuru). Matoub Lounès était témoin de son temps, il a chanté durant ses vingt ans de carrière artistique la revendication berbère, les libertés démocratiques, l’intégrisme, l’amour, l’exil, la mémoire, l’histoire, la paix, les Droits de l’Homme, la finitude, les problèmes existentiels, en plus de son œuvre, riche de 36 albums. Son combat aux côtés des causes justes et légitimes lui a valu des consécrations internationales ; c’est ainsi que le 06 décembre 1994, il reçut « le Prix de la mémoire » décerné par Madame Danielle Mitterrand, Présidente de La Fondation France Libertés (Paris), succédant ainsi à des hommes et des organisations qui ont consacré leur vie à la lutte pour la préservation du souvenir de l’aventure humaine. Une année après, soit le 22 mars 1995, le S.C.I.J (Canada) lui remit le prix de la liberté d’expression, puis le 19 décembre 1995, il reçoit aussi le Prix Tahar Djaout, décerné par la Fondation Abba au siège de l’UNESCO (Paris). Au côté d’hommes et de femmes de culture, de la science et de la politique de renommé mondiale, Lounès participa en 1996 à la marche des rameaux en Italie pour l’abolition de la peine de mort et le chantre de la Kabylie ne s’est pas limité à la chanson en 1995, il a aussi écrit «Le rebelle», ouvrage autobiographique paru aux éditions stocks. La disparition du chantre kabyle, 25 années après, a marqué irrémédiablement la population de toute la région de Kabylie qui porte toujours en elle la cicatrice de cette douleur inaltérable. Pour cette population, la pureté principielle des positions de Matoub, en faveur de la culture et de l’identité amazighes et son intransigeance dans la défense de l’une et de l’autre, détonnent aujourd’hui et font de lui le symbole impérissable du refus des compromissions. Matoub est certes mort, mais ses œuvres restent éternelles dont des générations futures en parleront certainement de celui qui a lutté contre l’obscurantisme et pour l’Algérie une et indivisible.