La Russie a suspendu ses livraisons de gaz à l'Autriche samedi en réponse à une menace d'OMV, l'entreprise autrichienne, de saisir une partie du gaz russe dans le cadre d'un différend contractuel. Malgré cette interruption, les exportations russes de gaz vers l'Europe via l'Ukraine restent stables, avec 42,4 millions de m³ livrés quotidiennement, selon Gazprom, relaye Reuters. L'Autriche, qui recevait auparavant 17 millions de m³ de gaz par jour, a rapidement trouvé d'autres sources d'approvisionnement. Un risque majeur plane sur l'avenir des exportations de gaz russe via l'Ukraine : Kiev refuse de prolonger l'accord de transit qui expire le 1er janvier 2025, menaçant ainsi l'accès de l'Europe à cette voie de livraison clé. Les prix du gaz naturel en Europe ont atteint leur plus haut niveau depuis novembre 2023, portés par des températures froides, une baisse rapide des stocks et l'incertitude liée à l'approvisionnement russe via l'Ukraine. Les contrats à terme néerlandais TTF ont grimpé à 45,40 €/MWh, reflétant les craintes d'un arrêt des flux de gaz russe après l'expiration imminente de l'accord de transit entre la Russie et l'Ukraine. L'Allemagne a intensifié la pression sur l'offre en demandant à Deutsche Energy Terminal de refuser les cargaisons de GNL russe. Cela exacerbe les tensions sur un marché déjà confronté à une demande croissante à l'approche de l'hiver. Les stocks européens, actuellement remplis à 92,58%, montrent une nette détérioration par rapport à l'année dernière (99,37%). Entre le 5 et le 12 novembre, les stocks ont diminué de 2,16%, un rythme bien supérieur à celui de 0,13% sur la même période en 2022. Si ce rythme persiste, l'Europe pourrait faire face à des pénuries sévères en cas de froid prolongé. Pour la première fois, cette année, les prix du GNL en Europe du Nord-Ouest dépassent ceux de l'Asie du Nord-Est, une situation inhabituelle. Si les États membres parviennent à se passer du gaz russe transporté via gazoduc, le GNL en provenance de Russie représente toujours plus de 16 % des importations européennes depuis le début de l'année. Afin de continuer à réduire sa dépendance vis-à-vis de Moscou, la Commission européenne étudierait la possibilité d’augmenter ses importations de GNL américain, ce qui renforcerait davantage sa dépendance énergétique vis-à-vis de Washington. L’Union a considérablement accru ses importations de GNL américain ces dernières années, passant de 15,4 milliards de m³ par an en 2020 à 51 milliards en 2022. Près d’un tiers du total du GNL importé par l’Union entre janvier et août est américain.