Après des frappes contre ses sites militaires. L'Iran va-t-il riposter?

C’est la grande question. Le Moyen Orient qui est visiblement assis sur une poudrière à la moindre étincelle et montée de tension que ce soit du côté de l’Iran ou de celui d’Israël, risquerait de payer cash si des efforts diplomatiques intenses ne seraient pas redoublés afin d’éteindre les risques d’une implosion régionale, susceptible de réduire à néant tout ce qui a été entrepris jusque-là en termes d’appels à un cessez-le-feu à Ghaza et au Liban. L'Iran envisage-t-il, pour autant, d’ouvrir «cette 3ème voie» de la riposte arabo musulmane après celles du Hezbollah au Liban et de Hamas à Ghaza? Va-t-il répondre aux attaques provocatrices de l’état sioniste? Pourtant, les observateurs retiennent que l’Iran ne va pas commettre la bêtise de répondre. Néanmoins, Téhéran a affirmé, samedi, son droit à se défendre après des frappes contre ses sites militaires menées par Israël, un dernier épisode en date des hostilités entre les deux pays ennemis qui a suscité des appels à la retenue face au risque d'une escalade militaire au Moyen-Orient. La dernière fois où l’Iran avait riposté, c’était après l’assassinat par Israël de Ismail Haniyeh. Ce qui augure pour les spécialistes que Téhéran ne va pas faire marche arrière. La première fois, Israël a annoncé publiquement avoir attaqué l'Iran, en lançant, samedi avant l'aube, des frappes aériennes contre des installations de fabrication de missiles dans ce pays. L'Iran a fait état de "dégâts limités" et de quatre militaires tués. Israël a ensuite menacé l'Iran de lui faire "payer un prix élevé" s'il ripostait, tandis que Téhéran a affirmé avoir "le droit et le devoir de se défendre contre les actes d'agression étrangers", suscitant des avertissements face au risque d'embrasement dans la région. Au même moment, les appels à la retenue aux USA de l’administration Biden et en particulier de Kamala Haris, la candidate démocrate à la présidentielle et ceux de certains pays limitrophes comme le Qatar et l’Egypte, se sont fait l’écho, tentant par la même de laisser, plutôt, place à un cessez-le-feu immédiat et l’échange de part et d’autre de prisonniers. "J'espère que c'est la fin", a déclaré le président américain Joe Biden. Son pays est réputé être un proche allié d'Israël et considéré à juste titre comme son principal fournisseur d'armes. Lors d'une conversation téléphonique avec son homologue israélien, Yoav Gallant, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a averti que "l'Iran ne devrait pas faire l'erreur de riposter", estimant qu'il existait actuellement "une occasion d'utiliser la diplomatie pour faire baisser la tension dans la région". Les raids israéliens sont une riposte à une attaque aux missiles de l'Iran contre le territoire israélien le 1er octobre suite au lâche assassinat du leader politique du Hamas. Il s’agit d’un véritable engrenage de violences lié aux guerres menées par Israël contre deux mouvements islamistes, soutenus militairement par l'Iran: le Hamas palestinien à Ghaza et le Hezbollah au Liban. La guerre à Ghaza a été déclenchée par une attaque meurtrière surprise, lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël depuis la bande Ghaza. En soutien au Hamas, le Hezbollah libanais a ouvert le lendemain un 2ème front contre Israël, en tirant des roquettes sur le nord d'Israël, frontalier du sud du Liban, les hostilités se transformant en guerre ouverte en mi-septembre. Le 1er octobre, l'Iran a tiré quelque 200 missiles sur Israël pour venger, selon lui, la mort, le 27 septembre, du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et d'un général iranien, tués dans des frappes israéliennes près de Beyrouth, et celle le 31 juillet à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué dans une attaque imputée à Israël. En riposte, l'armée israélienne a dit, samedi, avoir "frappé des sites de fabrication de missiles (...) que l'Iran tire sur l'Etat d'Israël depuis un an", ainsi que "des batteries de missiles sol-air et d'autres systèmes aériens (...)". L'armée iranienne a assuré que ces frappes n'avaient causé que "des dégâts limités". Selon des experts, l'objectif de l'attaque était de démontrer les capacités offensives israéliennes, tout en évitant l'escalade. Israël a-t-elle envie de minimiser ses attaques? Pour Joost Hiltermann, le directeur du programme Moyen-Orient de l'International Crisis Group, les Etats-Unis ont voulu que ces représailles soient "proportionnées, afin que l'Iran n'ait pas besoin de répondre" d’autant plus que l’état sioniste a reconnu avoir demandé carte blanche et avisé les Etats Unis quant à ses attaques sur l’Iran. De même, Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), estime que sous la pression des Etats-Unis, Israël a mené une opération "limitée" pour réduire les risques d'une "explosion". Israël a "réalisé un coup médiatique et politique et non militaire". Sur le front libanais, l'armée israélienne a fait état de "80 projectiles" tirés par le Hezbollah depuis le Liban et poursuivi ses frappes sur le sud du pays. L'agence de presse nationale libanaise Ani a fait état, tôt dimanche, d'un raid israélien sur la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah, où l'armée israélienne avait appelé les résidents de deux quartiers à évacuer leurs logements. Les troupes israéliennes sont engagées dans une offensive terrestre depuis le 30 septembre dans le sud du Liban avec l'objectif de neutraliser les combattants du mouvement libanais et faire cesser les tirs de roquettes. Après un an d'une offensive dévastatrice et meurtrière dans la bande de Ghaza où elle a affaibli le Hamas, l'armée israélienne a concentré ses opérations au Liban en y menant des frappes intenses et meurtrières principalement sur les fiefs du Hezbollah à partir du 23 septembre.


ads