Dépenses des ménages algériens. Tout a doublé en 10 ans

Comment se fait-il que l’algérien dépense 7 millions par mois alors qu’il perçoit nettement moins? Difficile de résoudre cette équation. Vit- t-il alors bien? A-t-il des dettes? Fait contrastant, l’Algérien aussi bien fait-il pour joindre les deux bouts en augmentant ses dépenses mensuelles, aussi significatives sont ses dettes cumulées dont on imagine mal parfois la provenance alors qu’il mène une vie décente et un salaire tout juste moyen. Malgré les hausses des prix, la consommation des ménages va sans cesse crescendo. Tout a doublé en dix ans. En d’autres termes, les ménages algériens dépensent aujourd’hui le double de ce qu’ils ont consenti il y a dix ans. C’est néanmoins ce qui ressort d’une étude de l’Office National des Statistiques (ONS) dont les résultats sont divulgués récemment. Les dépenses des ménages algériens ont presque doublé en l’espace de dix ans. Ils ont atteint le chiffre faramineux de 8016 milliards de dinars en 2022 contre 4489,5 milliards de dinars en 2011 sachant que l’argent et le coût de la vie sont les deux indicateurs dominants des dépenses des ménages. Le moins que l’on puisse dire est que cette hausse de 78,6 % reflète les changements dans les modes de vie, ainsi que de l’inflation qui a marqué l’économie nationale. Aussi impressionnants qu’il soit, le rapport de l’ONS souligne qu’en moyenne, un ménage dépensait 72500 dinars par mois en 2022, contre environ 59700 dinars il y a dix ans, soit une augmentation de 21,4%. Alors que le coût de la vie reste cher, les Algériens redoublent d’astuces pour assurer à leurs enfants une bonne éducation et une alimentation toute juste moyenne et ce, malgré la baisse vertigineuse de pouvoir d’achat résultant de l’inflation et une dépendance de consommation venue de l’extérieur avec des haut et des bas en ce qui concerne les prix. Autant dire qu’en dépit de ce pouvoir d’achat, les Algériens ont «réinventé» leurs stratagèmes afin de vivre correctement. Les chiffres révèlent une pression croissante sur le pouvoir d’achat des Algériens, dans un contexte marqué par la fluctuation des prix des biens de consommation. Un signe précurseur de la flambée sans cesse croissante des dépenses essentielles de consommation des Algériens est intimement lié à l’éducation, le logement et les denrées alimentaires. C’est vraiment fou ce que dépense l’Algérien dans ces trois chapitres ces dernières années. Du reste, le changement de mentalités et de mode de vie sont les principaux compteurs de l’amélioration des dépenses des ménages en dix ans. Pour preuve, les dépenses alimentaires et celles liées au logement continuent de représenter les plus grosses parts du budget des ménages. En 2022, les dépenses alimentaires s’élevaient à 2753,1 milliards de dinars, représentant 34 % du budget total. Cela inclut les achats de produits de première nécessité, tels que les céréales, le lait, et les viandes, dont les prix ont connu une hausse significative. En comparaison, en 2011, ces dépenses représentaient 41,8 % du total, ce qui indique une relative baisse en proportion, malgré l’augmentation absolue des coûts. Les dépenses liées au logement, y compris les charges telles que l’eau, l’électricité et le gaz, ont quant à elles atteint 2322,9 milliards de dinars en 2022, soit 29 % du total. Cette hausse est partiellement attribuée aux investissements publics dans le secteur immobilier, ainsi qu’à l’augmentation des coûts énergétiques. Les autres postes importants incluent le transport et les communications (11,4 % des dépenses), et la santé (8,2 %), dont les parts ont elles aussi légèrement augmenté par rapport à 2011. L’analyse des données montre une évolution significative dans les habitudes de consommation. Alors qu’en 2011, les ménages consacraient 41,8 % de leur budget à l’alimentation, cette part est descendue à 34,3 % en 2022. Cela pourrait s’expliquer par une diversification de la consommation, avec une augmentation des dépenses dans d’autres secteurs, tels que les loisirs, l’éducation, et les services financiers, qui, bien que moins importants en termes de pourcentage, ont vu leur poids augmenter. Par exemple, les dépenses en loisirs et culture ont presque doublé, atteignant 4,6 % du budget total en 2022, contre 2,5% en 2011. L’autre indicateur est l’accroissement des dépenses de santé. Ces derniers sont de l’ordre de 8,2 % du budget des ménages contre 6 % il y a dix ans. Ce qui signifie une prise de conscience accrue des questions de bien-être et des enjeux sanitaires, notamment après la pandémie de COVID-19. Le rapport de l’ONS souligne également une tendance à la hausse des dépenses liées aux nouvelles technologies et aux télécommunications, soutenue par l’expansion des services de téléphonie mobile et d’internet haut débit. En somme, la hausse des dépenses des ménages algériens s’accompagne de changements structurels dans la répartition budgétaire, qui traduisent à la fois l’évolution des besoins, la pression inflationniste et les nouvelles priorités de consommation. Ces dynamiques posent toutefois des défis pour le pouvoir d’achat, alors que les ménages doivent jongler avec des dépenses de plus en plus diversifiées et des prix qui continuent d’augmenter.


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