Le Front Polisario s’apprête à engager une nouvelle bataille judiciaire contre la Commission européenne. L’annonce a été faite dimanche par Saïd Ayachi, président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui, lors de son intervention sur la Chaîne 2 de la Radio algérienne. En cause: la décision de Bruxelles de prolonger l’accord commercial liant l’Union européenne au Maroc, malgré son annulation définitive par la Cour de justice de l’UE en octobre 2024. Selon Ayachi, cette initiative constitue une violation flagrante du droit européen et international. «La Cour a clairement interdit la commercialisation des produits sahraouis sans le consentement du peuple sahraoui», a-t-il rappelé, dénonçant la poursuite de l’exploitation «illégale» des ressources naturelles du Sahara occidental. Produits agricoles, phosphate et ressources halieutiques continueraient, selon lui, d’être exportés vers l’Europe sous étiquette marocaine, en toute impunité. Au-delà du volet économique, Saïd Ayachi a mis en lumière ce qu’il qualifie de stratégie de dissimulation. Commentant un communiqué conjoint de la Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis et de l’AFASPA, il a affirmé que le Maroc «ne veut pas de témoins», après l’expulsion de 27 étrangers – parlementaires, journalistes et défenseurs des droits humains – en 2025. «Il ne veut pas être dénoncé dans ses pratiques inacceptables», a-t-il insisté, rappelant que le Haut-commissariat des Droits de l’Homme de l’ONU attend depuis neuf ans l’autorisation de se rendre dans les territoires occupés. Dans ce contexte de verrouillage médiatique dénoncé comme vieux de trente ans, la question sahraouie continue néanmoins de mobiliser des soutiens au sein du continent africain. L’Union africaine, par la voix de son président de la Commission, Mahmoud Ali Youssouf, a récemment réaffirmé son attachement aux principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, rappelant l’intangibilité des frontières héritées de l’indépendance – une position perçue comme un signal politique fort en faveur des causes de décolonisation. Sur le terrain militaire enfin, le Front Polisario maintient la pression. Selon un communiqué de l’Agence de presse sahraouie, des unités de l’Armée populaire de libération sahraouie ont mené, le 28 décembre, une attaque ciblée contre des positions de chars de l’armée marocaine dans le secteur de Mahbès, infligeant «de lourdes pertes humaines et matérielles». Une escalade qui rappelle que, parallèlement aux prétoires européens, le conflit sahraoui demeure une réalité armée.



