Alger a de nouveau frappé sur le marché international du blé. Selon des estimations de traders européens citées par Reuters, l’OAIC aurait acquis entre 500.000 et 550.000 tonnes de blé dur, lors d’un appel d’offres récent. Les prix évoqués oscilleraient autour de 315 dollars la tonne coût et fret pour les cargaisons panamax et jusqu’à 325 dollars pour des navires de plus petite capacité. Les livraisons sont prévues entre février et mars 2026. Comme à son habitude, l’Algérie n’a pas communiqué officiellement sur les résultats, laissant le marché reconstituer l’opération à partir des évaluations des opérateurs. Ce nouvel achat s’inscrit dans une série d’importations massives engagées depuis l’automne, traduisant la volonté des autorités de sécuriser les stocks et de lisser l’impact des tensions internationales sur le marché intérieur. En toile de fond, le marché céréalier mondial avance sur un équilibre paradoxal. Les bilans globaux restent confortables, avec une production mondiale de blé attendue à des niveaux records pour la campagne 2025-2026, portée par la Russie, l’Australie, l’Argentine ou encore le Canada. Mais cette abondance théorique se heurte à une réalité plus heurtée. Les attaques contre les ports ukrainiens, les incertitudes persistantes en Mer Noire et les aléas climatiques entretiennent une nervosité chronique. À Chicago, les contrats à terme sur le blé ont récemment enchaîné plusieurs séances de hausse, moins par manque d’offre que par crainte de ruptures logistiques. La Russie, de son côté, renforce sa position avec des exportations soutenues, profitant de coûts intérieurs en baisse et de prix internationaux stables. À court terme, l’abondance des stocks mondiaux devrait contenir les prix. Mais à moyen terme, le marché reste suspendu à une succession de facteurs instables: climat, géopolitique, coûts logistiques et stratégies étatiques. Pour des pays fortement dépendants des importations comme l’Algérie, l’enjeu est clair: anticiper plutôt que subir. Le blé demeure ainsi un baromètre stratégique, où chaque appel d’offres, chaque tension régionale et chaque révision de prévisions redessinent, campagne après campagne, les lignes du marché mondial.



