Face aux incertitudes des marchés mondiaux et aux chocs climatiques de plus en plus fréquents, l’Algérie mise résolument sur le renforcement de ses capacités de stockage de céréales comme pilier central de sa sécurité alimentaire. Portée par l’OAIC, cette stratégie s’appuie sur un vaste programme de construction de silos et de centres de proximité, destiné à rompre avec la gestion dans l’urgence et à inscrire l’approvisionnement national dans une logique d’anticipation. Seize silos de grande capacité dont la livraison est attendue avant la fin du premier semestre 2026, viennent compléter un réseau en expansion à travers l’ensemble du territoire. À terme, l’objectif affiché par les pouvoirs publics est clair: atteindre une capacité de stockage couvrant environ neuf mois de consommation nationale, soit près de neuf millions de tonnes. Une orientation que le professeur Brahim Mouhouche, spécialiste en sécurité alimentaire et hydrique, qualifie de «choix stratégique». «Le stockage permet de transformer une dépendance subie en dépendance maîtrisée. Un pays qui stocke, peut acheter au bon moment, lorsque les prix sont favorables et éviter les achats précipités», explique-t-il à la radio. Dans un contexte de forte volatilité des cours internationaux, cette marge de manœuvre constitue un levier décisif pour préserver la stabilité du marché intérieur. La stratégie repose sur une architecture mixte, combinant silos centraux et centres de proximité, afin de rapprocher les infrastructures des zones de production. Un dispositif qui vise à réduire les pertes post-récoltes, fluidifier la collecte et encourager les agriculteurs à livrer leur production. «Les silos de proximité sont déterminants pour stabiliser la filière. Ils soutiennent la production nationale, tout en s’inscrivant dans une vision globale de sécurité alimentaire», souligne Brahim Mouhouche. Parallèlement, l’Algérie poursuit une politique d’importation ajustée, notamment pour le blé tendre, afin de combler les déficits structurels. Récemment, l’OAIC a lancé un nouvel appel d’offres pour l’importation de blé dur, illustrant une gestion progressive et planifiée des approvisionnements. «Même lorsque la production progresse, le stockage et l’importation restent complémentaires», rappelle l’expert, insistant sur l’importance de l’anticipation. En consolidant ses infrastructures de stockage, l’Algérie renforce ainsi un maillon essentiel de sa souveraineté alimentaire, en s’appuyant sur la planification, la résilience et une vision de long terme.



