Mégaprojet ferroviaire de la ligne minière ouest. Levier fondamental pour l’économie nationale

Développer l’industrie sidérurgique et minière en Algérie est le principal cheval de bataille du Président de la République pour les prochaines décennies. Comment? Et pourquoi un objectif aussi stratégique? Construire le plus grand et le plus long réseau national de chemins de fer pour le transport de minerai de fer entre dans cette stratégie algérienne pour booster l’économie par les dividendes hors pétrolières. En effet, l’un des projets structurants grandioses qui ont marqué l’année 2025, n’est autre que la «méga-ligne» ferroviaire minière ouest reliant Béchar, Beni Abbès, Tindouf et Gara Djebilet sur près de 950 km. Un projet titanesque qui constitue l’un des chantiers les plus importants et un levier fondamental pour l’industrie et l’économie. Le Président de la République, qui a posé la première pierre de ce projet qui compte des plus grands de l’histoire des chemins de fer en Algérie, a saisi parfaitement les enjeux stratégiques de la réalisation d’un équipement ferroviaire aussi lourd et décisif à la fois pour l’économie nationale. De même que la réception du projet de cette nouvelle ligne ferroviaire est prévue courant janvier prochain. Le Président avait, rappelons-le, procédé, en novembre 2023, au lancement des travaux de ce projet qui représente un acquis majeur pour le développement économique et social des wilayas du sud-ouest du pays, selon des spécialistes en économie. Une nouvelle ligne ferroviaire donc qui désengorgera le flux du trafic de marchandises qui connaît un effervescence et une embellie due principalement à la richesse et à la diversité des gisements et des sources de revenus hors pétroliers dont l’exploitation des minerais qui enregistrent une certaine florescence en Algérie, ces dernières années. Ce qui permettra d’étendre le réseau national, moderniser l’industrie minière et assurer la connexion de la zone minière de Gara Djebilet et d’autres wilayas notamment Béchar et Beni-Abbès, aux pôles industriels et portuaires du nord-ouest du pays, sur une distance globale d'environ 2.000 km. Elle jouera, par ailleurs, un rôle déterminant dans le développement de l’industrie sidérurgique du pays, ont-ils expliqué, ajoutant que sa mise en service facilitera l’accès aux ressources minières de la région sud-ouest du pays, renforcera les capacités de l’industrie sidérurgique et contribuera, de manière significative, à la création de nouveaux emplois. Réalisé en trois sections et accompagné par l’entreprise chinoise CRCC, le projet, réalisé par des entités publiques nationales reconnues, revêt une symbolique importante, en ce sens qu’il va, pour la première fois, reconfigurer la carte commerciale et économique des chemins de fer algériens. Le lancement de l’exploitation du minerai de fer de Gara Djebilet étant annoncé pour le 1er trimestre 2026, il s’agit avant tout d’un évènement qui consacrera la souveraineté nationale et la pérennité de la diversification des ressources de l’économie nationale, avait affirmé auparavant le Président de la République. Pour le directeur du laboratoire d’études économiques et de développement local du sud-ouest de l’Université de Béchar, Abdessamad Boudi, les retombées de ce projet se feront sentir durablement, tant dans l’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet que dans le développement du transport ferroviaire. L
’exploitation de ce gisement, désormais rendue possible, représente un projet structurant susceptible de façonner l’avenir industriel et minier de la région et du pays. Ce mégaprojet s’inscrit également dans une démarche visant à concilier l’exploitation des ressources naturelles de cette région avec les exigences du développement durable et contribuera à la diversification de l’économie nationale et à la réduction de la dépendance aux hydrocarbures, a-t-il expliqué. Pour sa part, l’économiste et enseignant à l’UTMB, Mebarek Benzair, a souligné que cette ligne ferroviaire contribuera à renforcer le réseau national de transport des minerais et redynamiser l’exploitation des ressources minières et les échanges intérieurs de marchandises et de voyageurs. Il a ajouté que ce projet a permis de désenclaver plusieurs zones, notamment la commune frontalière de Tabelbala, située à 424 km au sud du chef-lieu de Beni Abbès. Son intégration au réseau national devrait transformer durablement l’équilibre économique et social régional notamment grâce à la création prévue d’unités de traitement et de transformation du fer le long du tracé traversant les wilayas de Bechar, Beni Abbès, Tindouf, Nâama et au-delà, celles du nord-ouest du pays. Dans ce cadre, l’Agence nationale d’étude et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF) a assuré un suivi quotidien de ce projet, dès le lancement des travaux, confiés à des groupements d'entreprises publiques, en collaboration, sur certains tronçons, avec un partenaire chinois, à savoir le groupe China Railway Construction Corporation Limited (CRCC), a indiqué le directeur central de la communication de cette agence, Abdelkader Mazar, ajoutant que les chantiers de ce mégaprojet, ayant engendré la création de plus de 8.000 emplois (cadres et agents de maîtrise), ont fait l'objet d'un suivi rigoureux et quotidien assuré par la Direction générale, les experts et les cadres techniques de cette même Agence. Selon M. Mazar, "ce suivi a été assuré dans le but exclusif de respecter les délais de réalisation et garantir une mise en œuvre conforme aux standards nationaux et internationaux, que ce soit pour les infrastructures techniques ou les divers ouvrages d'art au nombre de 1.431 ouvrages dont 45 ponts ferroviaires, 48 ponts routiers et 1.338 autres ouvrages hydrauliques et ce, tout au long de son tracé, traversant des zones sahariennes des wilayas de Bechar, Beni-Abbès, Tindouf et Gara Djebilet".
A noter que les 45 viaducs ferroviaires s'étendent sur une longueur totale de 20 kilomètres, selon le directeur de ce projet, Abdechafii Benrabi. Ces ouvrages d’art, érigés pour traverser les cours d’eau et oueds de la région, comprennent notamment le pont ferroviaire réalisé sur l’oued Daoura (wilaya de Tindouf), long de 4,1 km, qui est désormais le plus long pont ferroviaire d’Algérie et d’Afrique, sachant que ces ouvrages ont été réalisés entre juillet 2024 et novembre 2025, a expliqué le même responsable de l’ANESRIF, maître de l’ouvrage.


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