Allocation chômage. Quel rôle pour l'ANEM ?

L'ANEM est interpellée à plus de rigueur et d'implication dans le processus d'organisation équitable de l'allocation chômage pour éviter les disparités. Le Président Tebboune a instruit, lors du Conseil des ministre du 30 novembre dernier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, de faire en sorte que l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) accomplisse pleinement et sérieusement son rôle, afin qu'elle garantisse la transparence et la fluidité dans l'orientation des demandeurs d'emploi, la classification des personnes intégrées dans le marché du travail et leur distinction des chômeurs dans un fichier national actualisé, rappelant que le Conseil des ministres a décidé de porter l'allocation chômage de 15.000 DA à 18.000 DA. Néanmoins, le Président Tebboune a enjoint au ministre du Travail, Abdelhak Saihi, l'impérative révision de la condition relative au renouvellement du dossier de l'allocation chômage, tous les six mois. Le Conseil des ministres a fixé son versement pour une durée minimale d'une année renouvelable. L'ANEM est un établissement public à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, placée sous la tutelle du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. Sa mission principale est l'organisation et la régulation du marché du travail, à travers l’intermédiation entre l’offre et la demande d’emploi, la prise en charge des demandeurs d’emploi, la mise en œuvre des dispositifs publics de promotion de l’emploi ainsi que la production de données et d’indicateurs contribuant à l’élaboration et à l’évaluation des politiques publiques de l’emploi. Pour en savoir plus sur le rôle de cette Agence, nous avons joint le député Berriche, universitaire, fin analyste, expert et membre de la commission des Finances à l'APN pour en connaître son avis sur l'instruction du Président Tebboune par rapport au rôle de ladite Agence de l'emploi. Selon lui, certes, le Président a instruit le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, en vue de relancer et de renouveler le rôle de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM), ainsi que de renforcer la gouvernance de son système de gestion, de manière à en faire un instrument efficace de la politique nationale de l’emploi. Cela s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle approche visant une organisation et une régulation plus rigoureuse du marché du travail, à travers la constitution et la mise à jour permanente d’une base de données nationale relative à la demande d’emploi et aux offres d’emploi, garantissant la transparence dans la diffusion des offres et leur satisfaction sur la base d’un ajustement précis des qualifications et des spécialités requises. Pour notre interlocuteur, le Président de la République a également insisté pour que l’Agence nationale de l’emploi assure la gestion de l’allocation chômage, veille à son orientation vers les bénéficiaires éligibles et fasse de la période de chômage et du versement de l’allocation, une phase de qualification et de préparation à l’intégration efficace dans le monde du travail. «Dans cette perspective, l’ANEM est appelée à devenir un levier central et opérationnel dans la mise en œuvre des politiques publiques de régulation, d’encadrement et d’orientation du marché du travail en Algérie», renchérit le député. Toujours dans ce sillage par rapport au rôle de l'ANEM, le membre fondateur de l'UNEA et chercheur nous dresse un tableau sans complaisance du rôle de l'ANEM. En effet, pour Seifeddine Rezgui, les décisions prises lors du dernier Conseil des ministres concernant l’allocation chômage et la réforme de l’ANEM constituent un signal positif; elles demeurent toutefois incomplètes et nécessitent une mise en œuvre plus rigoureuse et structurée. L’augmentation de l’allocation chômage peut offrir un certain soutien social, mais elle doit s’accompagner d’une stratégie claire de création d’emplois durables plutôt que de rester une simple mesure compensatoire. De plus, les instructions relatives à la modernisation de l’ANEM et à la transparence de ses mécanismes sont essentielles. Cependant, leur impact ne sera réel que si elles s’inscrivent dans une réforme profonde incluant la numérisation efficace, clarification des critères de sélection, la réduction de la bureaucratie ainsi qu’un suivi concret des demandeurs d’emploi, dit-il. L’objectif doit être de passer d’une logique d’assistance à une logique d’insertion réelle, où l’allocation chômage devient un accompagnement temporaire intégré dans une politique active de l’emploi. Avec une volonté politique constante, poursuit notre interlocuteur, une transparence accrue et une gestion moderne, ces mesures peuvent réellement devenir un levier de confiance et d’efficacité au service des citoyens, conclut-il par rétorquer que l’instruction adressée par le Président de la République au ministre du Travail constitue, en réalité, un aveu explicite des défaillances structurelles de l’ANEM.


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