Les Algériens voient de plus en plus difficilement s’ouvrir les portes de l’Europe. Sur les neuf premiers mois de 2025, les demandes de visa pour la France ont chuté de 24% par rapport à 2024 et le nombre de visas délivrés a reculé de 14,5%. Le taux de refus grimpe à 31%, presque le double de la moyenne mondiale, avec un sévère 44% pour les visas étudiants. Les touristes, entrepreneurs et familles ne sont pas épargnés: les visas touristiques reculent de 21%, les visas économiques de 12,6%, les humanitaires de 48% et les visites familiales de 7,4%. Pour la France, cette politique s’explique par «le contrôle rigoureux des flux migratoires», tout en maintenant une mobilité académique ciblée. Les visas étudiants restent marginaux, malgré une légère hausse pour la rentrée 2025-2026: 8.351 visas délivrés, soit 5,8 % du total. Seuls les profils «d’excellence» et des projets cohérents sont retenus. Dans ce climat, l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Diego Mellado Pascua, rappelle dans un entretien à El Moudjahid que l’UE n’arbitre pas les demandes individuelles: «Chaque dossier est traité par les consulats nationaux selon les règles Schengen, avec des impératifs sécuritaires et géopolitiques propres à chaque État». Pour lui, la mobilité doit être réciproque. «Les facilités accordées aux étudiants algériens doivent aller dans les deux sens, car des étudiants européens viennent aussi ici, en Algérie», souligne-t-il. Le Pacte pour la Méditerranée doit créer un espace de circulation équilibré, éviter la «fuite des cerveaux» et renforcer les échanges académiques et culturels entre les deux rives. La France durcit par ailleurs l’accès aux rendez-vous de visa pour certaines catégories: les familles des hauts cadres d’entreprises privées, auparavant prioritaires, doivent désormais passer par la procédure classique, l’accès prioritaire étant réservé aux voyages professionnels. Entre sécurité, diplomatie et ambitions académiques, la mobilité entre l’Algérie et l’Europe reste un terrain complexe.



