Alors que l’hiver s’installe en Europe, le marché gazier reste partagé entre abondance et incertitudes géopolitiques. Selon Reuters, les prix de gros du gaz aux Pays-Bas et au Royaume-Uni ont légèrement reculé lundi, l’offre provenant de Norvège et du GNL compensant les prévisions de froid. Le contrat néerlandais TTF à un mois s’échangeait à 27,95 € par MWh, tandis que le prix britannique à livraison le lendemain baissait de 1,00 penny, à 72,25 par therm. Les analystes d’Engie soulignent que « tous les acteurs du marché semblent adopter une attitude attentiste », conscients que certains risques, notamment côté américain, pourraient inverser la tendance. Les stocks européens, à 67,24 % de remplissage, restent inférieurs à ceux des années précédentes. Aly Blakeway, responsable GNL Atlantique chez S&P Global Energy, indique que les acheteurs pourraient augmenter leurs achats de GNL en janvier et février. La situation géopolitique pèse également : la Russie a redirigé la majeure partie de ses exportations vers la Chine depuis la rupture avec l’Europe post-Ukraine. Les volumes via le gazoduc Force de Sibérie devraient passer de 31 à 38,7 milliards de m³ en 2025, mais la perte des revenus européens reste significative, selon le ministère russe de l’Économie. Le seul axe vers l’Europe reste le TurkStream. Aux États-Unis, les contrats à terme sur le gaz ont reculé de près de 2 %, sous l’effet d’une production record de 109,9 Gpi³/j et de prévisions météo plus douces. Kyle Cooper, analyste chez IAF Advisors, note que «la production a clairement surpris le marché». S&P Global Energy anticipe une augmentation de 10 % de l’offre de GNL en 2026, renforçant l’abondance globale. Malgré cette volatilité, les perspectives à long terme restent favorables. Bernstein prévoit que le prix moyen à long terme pourrait se stabiliser autour de 5 $/mcf, soutenu par la croissance des exportations de GNL et la demande électrique. Les producteurs, en particulier dans le Haynesville et le Permien, maintiennent une offre prudente, assurant un équilibre structurel favorable aux prix. Entre abondance ponctuelle, tensions géopolitiques et expansion du GNL, le marché gazier illustre les défis d’un secteur où fondamentaux et risques exogènes interagissent constamment, laissant la volatilité à la merci des décisions stratégiques et des aléas climatiques.



