Le marché pétrolier mondial illustre, plus que jamais, sa sensibilité extrême aux soubresauts géopolitiques. Après avoir touché ses plus bas niveaux depuis 2021, le baril a légèrement rebondi mercredi, rappelant que l’équilibre des prix repose davantage sur la diplomatie et les sanctions que sur les seuls fondamentaux économiques. Mardi, le WTI américain est tombé sous la barre des 55 dollars, atteignant son plus bas niveau depuis cinq ans, tandis que le Brent passait sous les 60 dollars. Cette chute s’expliquait principalement par la perspective d’un accord de paix en Ukraine, qui alimente les anticipations d’un retour massif des barils russes sur le marché. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les exportations russes ont déjà reculé de 420 000 barils par jour, et une levée partielle des sanctions américaines pourrait rapidement réinjecter d’importants volumes, accentuant un excédent d’offre déjà structurel. À cette dynamique s’ajoute la montée en puissance de la production de l’OPEP+ et des producteurs américains, alors que la demande mondiale peine à suivre, notamment en Chine où les indicateurs industriels et de consommation ralentissent. Le marché anticipe ainsi un surplus durable en 2025 et 2026, ce qui pèse lourdement sur les perspectives de prix. Pourtant, la séance de mercredi a rappelé la volatilité chronique du secteur. Les cours ont brusquement progressé après l’annonce par Donald Trump d’un « blocus total » contre les pétroliers sous sanctions entrant ou sortant du Venezuela. Le Brent a repris 2,26 % à 60,25 dollars, tandis que le WTI gagnait 2,46 % à 56,63 dollars. Bien que le Venezuela ne soit plus un producteur majeur, il a exporté environ 600 000 barils par jour en novembre, et toute perturbation de ces flux ravive les tensions sur l’offre, d’autant qu’il s’agit d’un pays membre de l’OPEP. Cette succession de chocs contradictoires souligne la fragilité d’un marché pris en étau entre surabondance structurelle et risques géopolitiques. Si la détente autour de l’Ukraine tend à faire baisser les prix, chaque durcissement de sanctions – qu’il vise Moscou ou Caracas – suffit à provoquer des rebonds techniques. Dans ce contexte incertain, les prix restent faibles, mais leur trajectoire demeure suspendue aux décisions politiques, bien plus qu’aux équilibres économiques traditionnels.
Entre l’Ukraine et le Venezuela, le pétrole sous tension
- par B. Nadir
- Le 17 Décembre 2025
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