Sécurité routière, tolérance zéro

Les routes algériennes sont devenues, depuis plusieurs années, le théâtre d’une véritable tragédie. Entre 2022 et 2024, 24 644 accidents ont été recensés, faisant 3 159 morts et 33 513 blessés, pour un coût estimé à 230 milliards de dinars, selon l’Inspection générale des finances. Face à cette situation alarmante, le gouvernement a déposé à l’APN un projet de loi portant révision du Code de la route, présenté par Abdelghani Hammani, directeur du transport routier et de la logistique. Lors de son passage à l’émission «L’invité du jour» sur la Chaîne 3 de la Radio algérienne, Hammani a insisté sur l’urgence de cette réforme. Composé de 190 articles, le texte prévoit une classification des infractions en quatre degrés de gravité pour les contraventions, en plus des délits et crimes, avec des amendes pouvant atteindre 15 000 DA et des peines de prison allant jusqu’à 20 ans pour les infractions les plus graves. Le durcissement des sanctions vise particulièrement les conducteurs professionnels — transport scolaire, collectif et poids lourds — en raison de leur responsabilité accrue et de la recrudescence de l’usage de stupéfiants. Le projet réorganise également la prévention et le contrôle routiers. Les collectivités locales se voient confier un rôle central dans l’élaboration des plans de circulation et la mise en œuvre de stratégies locales de sécurité routière, tandis qu’un Conseil national de prévention et de sécurité routières et des cellules locales de veille et d’intervention viendront compléter le dispositif. Les conducteurs seront soumis à des tests médicaux de non-consommation de stupéfiants lors du recrutement ou du renouvellement de leur permis, avec possibilité d’examens inopinés. Cette réforme va plus loin qu’un simple renforcement des sanctions. Pour la première fois, les piétons sont concernés : toute infraction aux règles de circulation leur est désormais passible d’une amende. L’État responsabilise aussi les acteurs de l’entretien des routes : communes, wilayas et agences autoroutières pourront être tenues civilement responsables des accidents liés à la défaillance de la voirie. Le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa, avait, en début de novembre, rappelé que ce texte s’inscrit dans la feuille de route tracée par Tebboune pour réduire le fléau des accidents de la route. Le message est clair : tolérance zéro et responsabilisation citoyenne deviennent les piliers de la sécurité routière en Algérie. Si l’efficacité de ce Code dépendra de sa mise en œuvre, une chose est certaine : la route n’est plus un espace où l’impunité peut perdurer. Désormais, chaque automobiliste, chaque piéton et chaque collectivité est appelé à prendre part à la bataille pour sauver des vies.


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