Dans la bande de Gaza, la terreur ne s’exprime plus seulement par les bombardements et les tirs, mais aussi par l’odeur lourde de la mort, mêlée désormais à celle de la terre détrempée. Depuis plusieurs jours, la tempête Byron déferle sur un territoire déjà brisé, ajoutant au fracas de la guerre le grondement du ciel. Dans les campements de fortune de Zeitoun ou d’al-Zawaida, les ruelles se sont muées en rivières boueuses ; les tentes s’effondrent, détrempées, et les familles désemparées tentent de creuser des tranchées dérisoires pour détourner les eaux. Selon l’OMS et l’UNICEF, au moins dix personnes seraient mortes de froid en 24 heures, et les infections respiratoires aiguës se multiplient. Les chiffres macabres s’ajoutent les uns aux autres : depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu du 10 octobre, plus de 380 Palestiniens auraient été tués par des tirs israéliens, dont 82 enfants selon l’UNICEF. Malgré cette trêve fragile, les organisations humanitaires dénoncent un verrouillage persistant de l’aide : trop peu de carburant, trop peu de tentes, trop peu de nourriture. Israël maintient de strictes restrictions sur l’entrée des camions humanitaires, rendant la survie quotidienne de près de deux millions de personnes encore plus périlleuse. Dans les zones sinistrées, la tempête a révélé brutalement ce que la population savait déjà : Gaza n’a plus d’infrastructures. Trois bâtiments fragilisés se sont écroulés sous les pluies ; les réseaux d’évacuation des eaux sont hors d’usage ; les équipes de la Défense civile affirment manquer de tout, des bulldozers détruits par la guerre au carburant nécessaire pour pomper l’eau. Dans ce paysage dévasté, chaque pluie devient une menace mortelle. Les ONG, quant à elles, alertent non seulement sur l’urgence humanitaire mais aussi sur la «militarisation» et la «politisation» de l’aide : certaines sont marginalisées, d’autres exclues des mécanismes de distribution. Pendant ce temps, les appels pour laisser entrer 300 000 tentes supplémentaires restent lettre morte. Dans ce chaos, Washington et l’ONU préparent la phase suivante du plan de paix : une force internationale de stabilisation pourrait être déployée dès le mois prochain, avec pour mission de sécuriser et, à terme, de démilitariser Gaza. Mais les contours restent flous, et la perspective d’un règlement durable s’éloigne à mesure que la population s’enfonce dans la boue, le froid et la peur bien loin des salles où se dessine l’avenir de la région.



