Sur un marché pétrolier déjà fragilisé, l’hypothèse d’un accord entre Kiev et Moscou agit comme un révélateur brutal. Jeudi, les cours se sont encore enfoncés, lestés par les propos de Volodymyr Zelensky évoquant des «avancées» dans les négociations et la possibilité de compromis «justes», validés par «élection ou référendum». Deux points restent irrésolus : le contrôle de la région de Donetsk et le statut de la centrale de Zaporijjia. Mais pour les opérateurs, ces signaux suffisent déjà à rebattre les anticipations. «Un accord changerait totalement la donne pour le pétrole russe», résume Arne Lohmann Rasmussen de Global Risk Management. La levée des sanctions américaines ou l’arrêt des attaques ukrainiennes sur les infrastructures russes libérerait des centaines de milliers de barils supplémentaires. L’Agence internationale de l’énergie rappelle d’ailleurs que les exportations russes ont chuté de 420.000 b/j en novembre, contribuant à une baisse globale de l’offre. Le retour de ces volumes interviendrait alors que «les stocks mondiaux atteignent leur plus haut en quatre ans», souligne l’AIE. Sur l’InterContinental Exchange, le Brent pour février reculait jeudi à 61 dollars (-1,95%), tandis que le WTI glissait à 57,28 dollars (-2,02%). Une tendance qui efface même la saisie par Washington d’un pétrolier vénézuélien – un épisode que Caracas qualifie de «piraterie internationale». Face à cette faiblesse persistante, l’OPEP maintient pourtant son optimisme. Le cartel table toujours sur une hausse de la demande de 1,3 mb/j en 2025 et 1,4 mb/j en 2026, portée par les pays non-OCDE, Chine et Inde en tête. L’organisation vante une croissance mondiale stable (3,1%), mais admet une surabondance durable : elle prévoyait encore au troisième trimestre 2025 un excédent de 500.000 barils par jour. L’AIE, plus prudente, rehausse ses estimations de demande de +830.000 b/j en 2025, mais prévoit un excédent record dépassant 3,8 mb/j en 2026, malgré une révision en baisse de la croissance de l’offre mondiale. Ses analyses confirment la montée des stocks, l’atonie européenne et l'accélération de la substitution du pétrole dans la production électrique au Moyen-Orient. Enfin, l’EIA américaine, encore plus sombre, anticipe un effondrement des cours en 2026, avec un Brent autour de 55 dollars en raison d’une production mondiale qui dépassera largement la demande. Sur un marché tiraillé entre détente monétaire, guerre en Ukraine et excès structurel d’offre, une conclusion s’impose : la nervosité reste le principal moteur du baril – et 2026 pourrait bien en être la démonstration brutale.



