Entre janvier et octobre 2025, l’Algérie a enregistré une augmentation préoccupante des accidents de la route, accentuant un problème de sécurité déjà sensible. Selon Fatima Khalaf, chargée de communication à la Délégation nationale de la sécurité routière, 3.223 accidents ont été recensés cette année, causant 3.256 décès et 31.998 blessés, soit une hausse respective de 1,31 % pour les morts, 4,42 % pour les blessés et 3,15 % pour le nombre total d’accidents par rapport à 2024. Les véhicules lourds sont au cœur de cette hausse. Les bus de transport de passagers ont été impliqués dans 787 accidents, en hausse de 2,63 %, tandis que les camions et semi-remorques affichent une progression de 7 % dans leur implication. Selon la Gendarmerie nationale, les excès de vitesse sont en cause dans 58 % des accidents de bus, aggravés par des véhicules mal entretenus et des conducteurs soumis à de fortes pressions économiques. Dans certains cas, les conducteurs dépassant régulièrement les limites de temps de conduite, s’endorment au volant ou ne respectent pas les pauses obligatoires, entraînant des accidents souvent dramatiques. Des exemples récents illustrent l’ampleur du drame. En janvier 2025, une collision entre deux camions et un bus à El Oued a fait 2 morts et 12 blessés. En avril, trois accidents de bus sur 24 heures dans les wilayas de Constantine, Annaba et Blida ont causé 54 blessés. Plus récemment, l’accident d’El Harrach a coûté la vie à 18 personnes et en a blessé 25, ravivant le débat sur l’état du parc automobile et des transports collectifs. Les statistiques du Centre national de prévention et de sécurité routières montrent qu’un accident de bus peut provoquer autant de victimes qu’une dizaine d’accidents de véhicules légers, avec un coût économique dépassant 100 milliards de dinars annuellement. Le facteur humain reste la cause principale, impliqué dans 96,36 % des accidents, souligne Mme Khalaf. L’imprudence, le non-respect du code de la route et la fatigue des conducteurs contribuent à cette situation. Les routes elles-mêmes, souvent anciennes et dépourvues de bandes d’arrêt d’urgence ou de glissières, augmentent le risque d’accidents. Face à ce bilan alarmant, qui faisait déjà état de 3.740 décès et 35.556 blessés en 2024, les autorités appellent à un renforcement de la prévention, de la régulation et de la surveillance ainsi qu’à une modernisation des infrastructures et du parc de véhicules lourds. La sécurité routière en Algérie demeure un défi majeur, exigeant une action proactive avant que de nouveaux drames ne viennent endeuiller les familles.



