Nouveau statut du personnel éducatif. La première version dévoilée

Quel avenir prometteur et quelle retraite honorables pour les enseignants pour les années à venir? Pour des syndicats, le bien-être des élèves passe inéluctablement par celui des enseignants où les pouvoirs d’agir et d’achat sont «prioritaires». Seulement voilà, comment le ministère de l’éducation compte-t-il améliorer davantage les conditions du corps éducatif et des enseignants principalement ? Comment contiendra-il les trois revendications liées au pouvoir d’achat, aux droits aux grades pour améliorer les échelons des plans de carrière et aux nominations temporaires? Et quel statut aussi pour les «enseignants débutants» qui sont confrontés à la dure réalité du terrain? Par le passé, des projets de décrets ont été adoptés. Cependant la nouvelle réforme met en avant une nécessaire modernisation du statut de l’enseignant et la correction de nombreuses lacunes. Dans ce contexte, un nouveau statut des enseignants est en ligne de mire malgré les tensions. Un statut très attendu depuis des années par le corps éducatif qui considère qu’il ne s’adapte pas à la réalité. Allusion faite à la valorisation des droits des enseignants et à l’accès aux grades et postes supérieurs de responsabilité.
Outre l’amélioration du pouvoir d’achat du fonctionnaire du secteur de l’éducation actuellement au centre des priorités du ministère de tutelle et de l’enseignant en particulier, il est attendu que les enseignants pourront éventuellement bénéficier d’une sorte d’adaptation de leur volume horaire de travail ce qui leur permettra par exemple de postuler aux qualifications scientifiques. Toutefois, il ne faut pas s’y atteler longuement sans discernement réel en ce sens qu’il ne s’agit là que d’une première mouture du statut particulier du personnel de l’éducation lequel, faut-il le mentionner, devra être soumis à l’avis des syndicats concernés qui déjà font preuve de «sérieuses réserves» concernant certains amendements de l’avant-projet de ce nouveau statut. Globalement, c’est une autre bonne nouvelle pour le corps éducatif à la veille de la nouvelle année 2026 qui s’ajoute ainsi aux augmentations de l’allocation de chômage et des pensions de retraite décidées récemment par le président de la république M Abdelmadjid Tebboune à partir de 2026. Le ministère de l’Éducation nationale consent des efforts pour satisfaire les doléances du corps éducatif national. Il a promis que le nouveau statut comprendra des modifications substantielles destinées à renforcer les droits des enseignants. Prenant acte, le ministère a dévoilé la première version des amendements du statut particulier des employés du secteur. Cette première version a vu le jour à l’issue d’une réunion très attendue entre le ministre Mohamed Sghir Saadaoui et les syndicats, a, pour sa part, rapporté le journal électronique «Algérie 360». Cette démarche intervient dans un contexte marqué par une vague de protestations déclenchée après la publication du décret exécutif 25-54 du 21 janvier 2025. La nouvelle mouture apporte des avancées réelles, mais également des zones d’ombre qui continuent d’alimenter les revendications syndicales. Parmi les points les plus salués figure le retour aux deux anciennes appellations: enseignant principal et enseignant formateur. Elles remplacent “enseignant de première classe” et “enseignant de deuxième classe”. Ce système était en effet jugé dévalorisant et source de confusion. Les syndicats voient ainsi un retour à l’identité professionnelle des enseignants. La réforme ouvre également la voie à un parcours de carrière plus lisible : l’enseignant principal peut devenir formateur après 15 ans de service. Le formateur peut accéder au grade d’enseignant “distingué” après la même durée. Dans le Sud et le Grand Sud, la durée exigée tombe à 10 ans, une mesure pensée pour encourager la stabilité des équipes éducatives. Le ministère s’engage également à mettre un terme aux nominations temporaires. Cette pratique était très répandue et critiquée à la fois. Désormais, les affectations devront être définitives. La version préliminaire prévoit aussi la généralisation des postes adaptés, ouverts à tous les employés souffrant de contraintes médicales ou sociales. L’autre nouveauté appréciée: les nouveaux recrutés ne sont plus obligés de participer aux mouvements annuels. Ils pourront déposer une demande après deux ans seulement, s’ils le souhaitent. Le document propose de renforcer l’autorité pédagogique dans les établissements, en donnant aux enseignants et conseillers d’éducation des moyens juridiques plus clairs pour gérer les comportements difficiles. La réglementation va être assouplie : plusieurs erreurs professionnelles de 4ème degré seront supprimées, notamment celles liées à des écarts verbaux mineurs. Une décision destinée à réduire la pression sur le personnel tout en maintenant un cadre disciplinaire équilibré. Grand changement également pour les services économiques : les grades de gestionnaire, de conseiller et d’adjoint gestionnaire retrouvent leur place dans la structure globale du statut. Une nouvelle catégorie apparaît: inspecteur principal, destinée aux inspecteurs les plus expérimentés. De plus, la dénomination “inspecteur de l’Éducation nationale” évolue pour devenir “inspecteur principal” ou “inspecteur en chef”. Les syndicats se réjouissent aussi de l’extension de la vacation de mobilité professionnelle à tous les employés, une demande ancienne. Le texte maintient les promotions pour les grades inférieurs et intermédiaires. Cependant plusieurs «brèches» sont pointées du doigt par les syndicats. Selon Kouider Yahiaoui, responsable à la SNTE, la nouvelle version n’aborde pas la révision du système des primes, ne règle pas les questions d’intégration directe vers des grades supérieurs et n’offre pas de protection juridique explicite aux enseignants. Le syndicaliste critique également la notion de «15 ans en tant qu’employé», jugée vague et susceptible de créer de nouvelles injustices : L’ancienneté cumulée dans d’autres grades sera-t-elle prise en compte? Les années doivent-elles être continues? Le calcul démarre-t-il en 2025 ou à la publication du texte final ? Ces zones floues nourrissent un manque de confiance chez les syndicats et relancent les accusations de “concertation symbolique” plutôt que réelle. La version préliminaire apporte une réelle respiration à certains corps : enseignants, inspecteurs, gestionnaires, personnel administratif. Elle propose une vision plus moderne du parcours professionnel et tente de corriger des déséquilibres installés depuis des années. Mais les syndicats maintiennent leur principale revendication : l’intégration de tous les employés dans les nouveaux grades, sans conditions. Ainsi que la réduction de l’âge de retraite et un système indemnitaire revu en profondeur.


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