Algérie, feux sous contrôle

Le chiffre est frappant, –90 % de surfaces forestières brûlées en 2025, a annoncé ce jeudi à Sétif le Directeur général des forêts, Djamel Touahria. Une baisse spectaculaire, presque inconcevable dans un pays durement marqué par les étés noirs de 2021. Mais cette chute n’est pas le fruit du hasard: elle résume un basculement stratégique, amorcé dès 2023 et arrivé à maturité au cours des campagnes 2024-2025. Touahria insiste sur un fait révélateur: moins de 5 000 hectares ont brûlé en 2025, toutes formations végétales confondues. Pour la deuxième année consécutive, les incendies ont été «maîtrisés grâce aux mesures préventives et au renforcement des mécanismes d’intervention rapide», précise-t-il. Sur les hauteurs de Boutaleb, où il inspecte une pépinière administrant jusqu’à un million de plants, les drones survolent désormais la canopée : symbole d’un virage technologique assumé. L’impulsion vient d’en haut. Après «l’amère expérience» des incendies meurtriers, Tebboune a donné des instructions fermes: anticiper, détecter, intervenir vite. En août, Touahria détaillait la traduction de ces orientations: 6 000 agents mobilisés, véhicules rapides, caméras intelligentes, et surtout des drones capables de repérer les départs de feu avant qu’ils ne prennent de l’ampleur. La même logique guide la Protection civile. Le colonel Farouk Achour, s’exprimant fin août, expliquait que le dispositif repose sur 15 000 agents, 505 unités, 65 colonnes mobiles, appuyées par un parc aérien inédit: 12 avions bombardiers d’eau, 6 hélicoptères, et les moyens de l’Armée nationale populaire. Le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, en avait posé les bases en mai lors de la mise en service de ce «plan stratégique le plus important depuis des années». Il rappelait alors que «la sécurité du citoyen n’a pas de prix». Cette convergence intersectorielle — Sonelgaz, SNTF, Travaux publics, Gendarmerie, Sûreté nationale — forme aujourd’hui une machine de prévention sans précédent. Les sentiers sont dégagés, les tranchées coupe-feu renouvelées, les tours de guet réactivées. En août, Saïd Si Ali, responsable à la DGF, soulignait l’intégration de 35 drones, bientôt 80, et la mobilisation de 1 263 commissions communales. En 2024 déjà, le commandant Bernaoui parlait d’une baisse « jusqu’à 90 %» des incendies. 2025 confirme l’évolution : ce qui était un exploit devient une trajectoire. Pour la première fois depuis longtemps, l’Algérie a repris la main sur ses forêts et sur ses étés.


ads