Créer des «Supermarchés industriels» en Algérie est-ce possible ? La vérité est implacable. Place en effet à la production et à l’innovation locales. L’Etat algérien est décidé plus que jamais à atténuer les effets négatifs de la dépendance économique vis-à-vis de l’étranger à travers notamment la réduction drastique des importations et la relance de la production locale. La production industrielle est un des jalons d’or sur lesquels mise ces dernières années l’Algérie. Une stratégie de promotion de la production industrielle a été lancée par le ministère afin de booster la production et permettre l’émergence des potentialités innovatrices par des postes d’emplois de manière à créer la richesse. La 4ème édition du salon professionnel de la production industrielle est un nouveau cap emprunté par les pouvoirs ministériels nationaux afin d’améliorer l’attractivité de la «Destination Algérie» dans le domaine de la production industrielle et garantir l’autosuffisance alimentaire du marché algérien en produits locaux de qualité et à des prix concurrentiels. Pourquoi pas exporter ? Cette initiative s’est bel et bien concrétisée à travers des exportations de produits algériens vers le continent africain et les pays du Golfe. Lancée hier, au niveau du Palais des expositions des Pins Maritimes (Safex), la quatrième édition du salon professionnel Sinaa, dédié à la promotion de la production industrielle, accueille cette année près de 170 exposants, en très grande partie nationaux. La volonté des organisateurs est notamment de mettre en avant, jusqu’au 4 décembre, le «passage de l’importation vers la production locale». Cette année, le salon Sinaa promet beaucoup et apporte également son lot de nouveautés. D’ailleurs l’un des secteurs d’activité les plus représentés, en plus de l’outillage lourd dédié à l’équipement des usines, est la fabrication, par le secteur privé, des éléments «consommables» liés à l’automobile: Les joints, les huiles ou encore les différents filtres. Autant de produits sur lesquels, rappelons-le, pesaient des tensions et pénuries par le passé et qui avaient contraint des opérateurs à recourir aux importations souvent à des coûts faramineux. Ainsi peut-on acquérir un pneu ou une pièce de rechange d’un véhicule sans en venir à recourir à l’importation? La réponse affirmative est aujourd’hui une évidence. Désormais tout ce qui vous tombe par la tête sera produit en Algérie. Ce n’est qu’une question de temps et de volonté. En marge de l’ouverture de la manifestation au public, l’un des responsables de l’organisation, M.Hichem Salim Bettaher, précise que l’édition 2025 du salon Sinaa est «la plus importante depuis la création de la manifestation». Une montée en puissance, qui accompagne le développement économique du pays. Les besoins des industriels pour «tout ce qui concerne l’industrie, les outillages et machines industrielles, mais aussi les processus modernes de fabrication» sont très importants, explique-t-il. L’idée du Salon s’inscrit dans la logique de se positionner comme «un supermarché de l’industrie». La situation économique du pays, marquée par la création de nouvelles unités de production, «exige que l’on offre aux investisseurs les solutions dont ils auraient besoin». Et très concrètement, la limitation des importations non nécessaires afin d’encourager le passage vers la production locale a porté ses fruits. Un nouveau marché est né, au cours des dernières années, pour la fourniture ou la fabrication, même partielle, des «machines industrielles et de leurs pièces de rechange». Même chose pour «l’accompagnement technique», de plus en plus demandé, pour la maintenance des machines. Dans cette logique, M.Hichem Salim Bettaher précise: «Aujourd’hui nous avons même des entreprises qui proposent des usines clés en main et prêtes à la production» aux investisseurs. Et ces derniers, ajoute notre interlocuteur, sont le plus souvent d’anciens importateurs. Une tendance clairement visible hier au niveau des stands: «Certains exposants que nous avons cette année, étaient présents lors de la première édition en 2022. Ils étaient des importateurs purs, mais ont réussi la transition vers l’assemblage puis la production locale». Toutefois, certaines dépendances persistent, ajoute le responsable, «pour ce qui concerne certaines machines lourdes» ou «les matières premières complexes». Quant au développement de l’industrie automobile, et notamment la constitution d’un réseau national de producteurs d’éléments consommables, le salon Sinaa 2025 met en avant plusieurs entreprises privées ayant réussi le passage vers la production locale. Ainsi, concernant la production des filtres, notamment pour l’automobile, des responsables de la SARL Planète Filtre Industrie nous expliquent que «deux usines ont été lancées à Oued Souf et à Bouira, au cours des trois dernières années». La demande pour ce type de produits est extrêmement importante, «nous avions commencé par la fabrication des filtres à air, nous commençons la fabrication des filtres à huile et carburant». Et «prochainement nous comptons lancer la production des filtres à eau», expliquent nos interlocuteurs. Par ailleurs, la production des huiles de moteur et machines industrielles attire également les investisseurs privés. Ainsi, M. Chertouk Sofiene, directeur commercial et marketing de l’usine Mixoil, implantée à Béjaïa, explique que l’entreprise, lancée en 2001 en distribuant des huiles de partenaires étrangers, est passée à la fabrication. «Nous proposons aujourd’hui une très large gamme. Que ce soit les huiles industrielles ou pour l’automobile». Le responsable de la marque, qui n’écarte pas «la possibilité d’aller vers l’exportation», nous explique que la matière première est disponible. «Nous travaillons avec la Sonatrach, pour les dérivées des raffineries. Seuls certains additifs sont encore importés». Quant aux joints pour moteurs, plusieurs entreprises se spécialisent, et notamment la SARL FAJO de Batna. Les responsables, présents au niveau du stand, expliquent que l’entreprise fabrique et distribue déjà des éléments d’étanchéité pour les moteurs, ou boîtes de vitesses, adaptables sur les modèles de véhicules du parc algérien.
Production industrielle. De l’importation à la production locale
- par B. Habib
- Le 03 Décembre 2025
- 42 visites



