Femmes et violences: l’alerte

Chaque 25 novembre, la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ravive une évidence : le combat est loin d’être gagné. En Algérie, il se mène au quotidien, entre dispositifs institutionnels qui se renforcent et une réalité sociale où les violences persistent, parfois jusqu’à l’irréparable. Invitée de la chaîne 3, Soumia Oulmane, directrice centrale au ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, a rappelé l’arsenal mis en place pour soutenir les victimes : numéro vert 1026, centres d’accueil dans toutes les wilayas, et trois structures nationales à Annaba, Tipaza et Mostaganem. Depuis le 2 septembre 2025, la plateforme numérique Himayati vient compléter ce dispositif en permettant aux femmes de signaler les violences et d’être orientées en temps réel vers les services compétents. Mais la technicité de la prise en charge n’efface ni la douleur ni l’ampleur du phénomène. Le dernier rapport de l’INSP (2022-2023) décrit un climat où violences physiques, psychologiques, sexuelles et économiques frappent des femmes de tous horizons. Le poids des normes patriarcales, le manque d’accès à l’information et la faiblesse de certains soutiens accentuent la vulnérabilité des victimes. Et le pire continue de se produire : les féminicides, forme la plus extrême de ces violences, s’enchaînent d’année en année, la société civile en dresse un tableau glaçant : 48 féminicides en 2024, 37 déjà recensés en 2025, et 315 depuis 2019, selon le collectif Féminicides Algérie. La majorité de ces crimes a lieu au domicile, et dans plus de 70 % des cas, l’auteur est un conjoint, un ex-partenaire ou un membre de la famille. La récurrence de ces drames rappelle que pour beaucoup de femmes, le danger vient de leur propre entourage. Face à cela, la mobilisation institutionnelle grandit. En décembre, le Fonds des Nations unies pour la population a salué les efforts de l’Algérie et son objectif affiché de «zéro victime en 2030». L’ex ministère de la Communication rappelait quant à lui l’importance d’un traitement médiatique rigoureux, à rebours de la tendance à banaliser ou à minimiser ces crimes. Car derrière chaque chiffre, il y a un visage, une histoire que l’on ne doit pas laisser disparaître dans l’indifférence.


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