De Mostaganem à Touggourt, de l’hémicycle à la zone industrielle d’El-Borjia, Taha Derbal répète inlassablement le même message depuis plusieurs mois : l’Algérie ne navigue plus à vue face au changement climatique. Elle applique, assure-t-il, une stratégie nationale «claire et structurée» pour garantir sa sécurité hydrique. Une phrase désormais familière, prononcée d’abord lors de sa visite à Mostaganem, où le ministre a affirmé que la politique de l’eau s’appuie sur des choix «mûrement étudiés», fondés sur la montée en puissance des ressources non conventionnelles. À Mostaganem encore, il détaille les premiers résultats : cinq nouvelles stations de dessalement mises en service ont permis de porter la part de l’eau dessalée à 40-42% de la consommation nationale. Un chiffre qu’il brandit comme la preuve que le pays avance malgré les sécheresses répétées. La stratégie, rappelle Derbal, ne s’arrête pas aux côtes : les Hauts-Plateaux sont progressivement raccordés aux systèmes d’eau dessalée sur plus de 250 km, tandis que les grands transferts Sud-Nord renforcent l’alimentation en eau potable et agricole. Les déclarations du ministre, au fil de ses déplacements, composent les chapitres successifs d’une même feuille de route. Le 13 novembre, à Touggourt, il insiste sur la nécessité d’une gestion rigoureuse des installations pour éviter les perturbations et combattre les raccordements illicites, «ennemis silencieux» du service public. Il y réaffirme un autre pilier de sa stratégie : la numérisation des réseaux, devenue indispensable pour intervenir plus vite sur les fuites et optimiser la distribution. Devant les députés, Derbal élargit encore le cadre. Les interconnexions de barrages, explique-t-il, constituent un “levier stratégique” pour transférer l’eau des zones excédentaires vers les wilayas déficitaires. Il cite l’exemple de la liaison Cap Djinet 2 – Koudiat Asserdoune, ou encore les projets autour de Tilesdit et Beni Haroun. Il rappelle aussi les cycles de désenvasement lancés depuis 2012, indispensables pour préserver les capacités de stockage. Enfin, dans la perspective du Conseil des ministres d’octobre 2025, il annonce l’approbation de trois nouvelles stations de dessalement géantes à Chlef, Mostaganem et Tlemcen. Au fil de ces dates, se dessine une certitude : la sécurité hydrique n’est plus un objectif, mais une stratégie continue, patiemment construite, pour protéger un pays qui sait que l’eau est désormais une affaire d’État.



