Au fil des déclarations publiques et des rectifications statistiques, l’allocation chômage et la lutte contre le sous-emploi s’imposent comme deux marqueurs majeurs de la politique sociale algérienne. Jeudi, lors de sa réponse en séance plénière à l’Assemblée populaire nationale, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Abdelhak Saihi, a rappelé que l’allocation chômage, instaurée en 2022 sur décision du président Abdelmadjid Tebboune, demeure avant tout «une protection sociale» destinée aux primo-demandeurs d’emploi. À la date du 31 octobre, ce dispositif avait déjà bénéficié à 441 223 jeunes, tandis que plus de 560.000 recrutements étaient enregistrés dans le public et le privé. Cette mise au point intervient dans un contexte où les chiffres du chômage refont surface. L’Office national des statistiques a en effet revu, une semaine après sa publication d’octobre, son estimation du taux national : 9,7 % en 2024, contre un chiffre préliminaire de 12,7 %. Une correction d’ampleur, liée, selon l’organisme, à la prise en compte des emplois créés au dernier trimestre (environ 70 000 postes) et à des réajustements concernant l’emploi informel. Si le gouvernement insiste sur l’effet stabilisateur de l’allocation chômage, les interrogations sur son impact réel persistent. En avril, l’ex ministre Fayçal Bentaleb avait dû répondre à une série de questions parlementaires portant sur les «abus» du dispositif et la manière de les contenir. Il avait alors détaillé les mécanismes de contrôle : croisement de données avec les caisses sociales, plateforme numérique Minha, suspension des versements en cas d’irrégularité. Depuis 2022, 71.423 bénéficiaires ont été intégrés dans un emploi, et 462 073 orientés vers des formations, dont plus de 215.000 ont achevé leur parcours — même si seuls 2.451 ont décroché un poste après formation, un chiffre qui interroge sur l’efficacité des programmes d’accompagnement. Dans ce paysage social en mouvement, les annonces présidentielles du Conseil des ministres du 16 novembre s’ajoutent à la dynamique : une revalorisation du SNMG et une hausse de l’allocation chômage sont en préparation. Le chef de l’État entend ainsi renforcer le pouvoir d’achat, déjà soutenu par une progression cumulative de 47 % des salaires dans la Fonction publique depuis 2020. Entre ajustements, statistiques, pressions du marché du travail et promesses de revalorisation, l’Algérie avance donc sur une ligne de crête: soutenir les demandeurs d’emploi tout en cherchant à résorber durablement le chômage. Le débat, lui, est loin d’être clos.



