Alors que la tuberculose continue de faire plus d’un million de morts par an dans le monde, l’Organisation mondiale de la santé tire à nouveau la sonnette d’alarme. Le rapport mondial 2025 révèle que 10,7 millions de personnes ont contracté la maladie l’an dernier et plus de 1,2 million en sont mortes l’année dernière. Pour le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, «le progrès n’est pas la victoire»: la baisse des financements internationaux menace d’annuler les avancées obtenues, notamment dans les pays les plus vulnérables. Car si le dépistage s’améliore, si les nouvelles générations de tests rapides et les traitements plus courts se généralisent, la tuberculose reste indissociable de ses déterminants sociaux: pauvreté, malnutrition, promiscuité, comorbidités. À cela s’ajoute un enjeu majeur: la résistance croissante aux antibiotiques, avec près de 400 000 cas de tuberculose résistante recensés en 2024. L’OMS prévient: la chute annoncée des financements pourrait entraîner jusqu’à deux millions de décès supplémentaires d’ici 2035. Dans ce contexte mondial tendu, l’Algérie affiche des progrès réels mais fragiles. Le rapport 2024 de l’Institut national de santé publique confirme une baisse de l’incidence, désormais à 39,88 cas pour 100.000 habitants, en recul pour la deuxième année consécutive. La forme pulmonaire contagieuse est passée sous les 10 cas pour 100.000 habitants, une évolution saluée par l’ex-ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, qui rappelait en mars 2025 «l’engagement constant de l’État» dans l’éradication de la maladie. Ces résultats reposent sur un renforcement du diagnostic, l’amélioration de la surveillance et la disponibilité des traitements antituberculeux. Le représentant de l’OMS en Algérie, Phanuel Habimana, a lui aussi salué les efforts nationaux en mars dernier. Mais les défis restent nombreux. Les disparités régionales demeurent marquées: des wilayas comme Médéa, Saïda ou Tamanrasset enregistrent des incidences jusqu’à trois fois supérieures à la moyenne nationale. Par ailleurs, la tuberculose extra-pulmonaire représente plus de 70% des cas, un phénomène atypique qui interpelle les spécialistes. Pour la pneumologue Pr Houria Haouichat, cette situation exige «une surveillance accrue» et une meilleure compréhension des facteurs en jeu. L’Algérie avance, mais la menace demeure. Pour atteindre les objectifs de la stratégie mondiale «End TB» d’ici 2030, les autorités sanitaires devront intensifier le dépistage précoce, renforcer les laboratoires et mieux cibler les populations vulnérables, tout en s’adaptant à un contexte international où les financements se raréfient.



