Tensions géopolitiques et incertitudes sur les hydrocarbures

Alors que la transition énergétique progresse, le pétrole et le gaz continuent de dominer le mix mondial. Lors de leur 6? réunion de haut niveau à Vienne, l’OPEP et le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) ont alerté sur le «sous-investissement persistant» dans les hydrocarbures, malgré la croissance attendue de la demande mondiale. Haitham Al-Ghais, secrétaire général de l’OPEP, souligne que la consommation mondiale de pétrole pourrait atteindre 123 millions de barils par jour d’ici 2050, avec une demande de gaz naturel en hausse de plus de 32%, selon Mohamed Hamel du GECF. Les deux responsables insistent sur la nécessité d’investissements à long terme, estimés à 18 200 milliards de dollars pour le pétrole et 11 100 milliards pour le gaz, afin de sécuriser l’approvisionnement futur. Pourtant, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe un excédent pétrolier mondial de 4 millions de barils par jour dès 2026, résultat d’une production en hausse au sein et hors OPEP+, et d’un ralentissement de la demande lié à l’électrification progressive des transports et à un contexte macroéconomique plus contraint. Cette surabondance accentuerait la pression sur les prix, déjà en recul cette année. Les stocks en mer, notamment autour de la Russie, ont atteint des niveaux inédits depuis la pandémie, alimentant les craintes de saturation. À court terme, les tensions géopolitiques continuent de peser sur le marché. Les frappes ukrainiennes sur le port et la raffinerie de Novorossiïsk ont provoqué une hausse des cours du Brent et du WTI, illustrant la sensibilité du marché aux événements locaux, même en période de surplus global. Les sanctions occidentales sur le pétrole russe, combinées aux incertitudes logistiques, renforcent cette volatilité. Les analystes restent partagés: l’OPEP maintient ses projections de croissance de la demande, tandis que l’AIE table sur un excédent durable. Charles St-Arnaud, économiste, souligne que ces prévisions reflètent les politiques actuelles plutôt que les engagements climatiques, laissant planer un doute sur l’évolution réelle du marché à long terme. Entre tensions géopolitiques, excédents potentiels et besoins massifs d’investissements, le marché énergétique mondial navigue donc dans une zone d’incertitude où le pétrole et le gaz restent indispensables, mais sous la pression croissante des transitions énergétiques et des aléas économiques.


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