L’or brille à nouveau, et pas seulement sous les projecteurs des investisseurs. Le métal précieux vient d’atteindre un sommet de trois semaines, franchissant la barre symbolique des 4 100 dollars l’once, porté par un vent d’inquiétude soufflant depuis Washington. La fin du plus long shutdown gouvernemental de l’histoire, combinée à des signaux économiques dégradés, ravive les paris sur une baisse prochaine des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine. Le scénario s’écrit comme une pièce déjà connue : économie en perte de souffle, confiance des ménages en berne, marché du travail fragilisé. Les chiffres d’octobre montrent des destructions d’emplois dans la fonction publique et le commerce de détail, tandis que la confiance des consommateurs plonge à son plus bas niveau depuis trois ans et demi. Résultat : les marchés attribuent désormais près de 70 % de probabilité à une réduction des taux dès décembre. Et dans ce climat d’incertitude, l’or retrouve naturellement son rôle d’actif refuge. «Les opérateurs anticipent un affaiblissement des prochaines données économiques, ce qui pousserait la Fed à agir», analyse Jim Wyckoff de Kitco Metals. Une perspective qui affaiblit le dollar et les rendements obligataires, deux moteurs classiques du rallye aurifère. Sur le plan technique, la tendance reste solidement haussière. Depuis février, chaque repli du métal jaune a trouvé preneur au contact des moyennes mobiles de 20 et 50 jours. Le franchissement des 4 000 dollars a transformé une résistance majeure en solide point d’appui, ouvrant la voie à un test des records historiques autour de 4 265 dollars, voire 4 500 dollars si la dynamique se poursuit. Mais la force de l’or ne s’explique pas seulement par la fébrilité américaine. La demande mondiale atteint son plus haut niveau depuis 2011, portée notamment par les achats massifs des banques centrales, au premier rang desquelles la Chine, qui continue de renforcer ses réserves pour le douzième mois consécutif. Dans le sillage de l’or, l’argent grimpe aussi, flirtant avec les 51 dollars l’once, tandis que le platine et le palladium avancent plus timidement. Entre la nervosité politique, les risques de récession et la perspective d’un assouplissement monétaire, l’or s’impose plus que jamais comme le baromètre des inquiétudes mondiales. Et à en juger par l’éclat actuel du métal, les nuages au-dessus de l’économie américaine ne sont pas près de se dissiper.



