La réforme du système de change en Algérie constitue l’un des principaux enjeux de la prochaine étape, en raison de son impact direct sur les équilibres économiques et financiers, sur l’attractivité des investissements étrangers et sur le soutien au processus de développement durable, selon le Dr.Abdelkader Berriche Économiste et Député parlementaire, membre de la commission des Finances et du budget à l'APN. Toutefois, cette réforme pose en même temps des défis multiples liés à la nécessité d’éviter les chocs économiques et sociaux pouvant résulter d’une libéralisation brutale de la monnaie. Selon lui, l’important est d’adopter une approche progressive et bien étudiée, conciliant les impératifs de réforme et la préservation de la stabilité économique et sociale. Dans une rétrospective des années 1990, l’Algérie est passée d’un régime de change fixe à un régime de change administré, dans le cadre de réformes monétaires et bancaires menées avec l’appui du Fonds monétaire international. Cependant, poursuit-il, et bien que ce système ait contribué à assurer une certaine stabilité, il n’a pas empêché l’émergence d’un marché parallèle puissant des devises, créant un écart considérable entre le taux officiel et le taux parallèle. Aujourd’hui, la réforme du système de change s’impose comme une nécessité stratégique pour garantir une stabilité financière durable, assurer plus de transparence, éliminer le marché parallèle et encourager les transferts de la diaspora ainsi que les investissements étrangers. Il préconise dans cette analyse l'adoption d’un régime de change administré contrôlé par la Banque d’Algérie (...) l'existence d’un marché parallèle puissant des devises absorbant une grande partie des transactions(...) l'écart considérable entre le taux officiel et le taux parallèle(..)faible volume des transferts de la diaspora via les canaux officiels (...) forte dépendance aux revenus des hydrocarbures comme principale source de devises. Pour ce qui est de la Feuille de route de la réforme en Algérie (2025–2035) précise notre interlocuteur, et le renforcement des réserves de change pour atteindre un niveau de sécurité (70 milliards USD ou plus). Il s'agit d'ouvrir des bureaux de change agréés afin d’intégrer progressivement le marché parallèle. Il s'agit aussi d’encourager les transferts de la diaspora via les banques (exonérations fiscales, taux préférentiels). Pour ce qui est de la Phase II (2028–2032): le député et expert préconise la libéralisation partielle / flottation administrée, l'adoption de deux taux de change officiels (pour les importations stratégiques et pour les autres transactions). Concernant le volet Banques, il interpelle les pouvoirs publics à accorder aux banques commerciales une plus grande liberté pour fixer les taux dans des marges contrôlées, à l’intégration progressive du marché parallèle par des canaux officiels. Enfin, conclut le Dr Berriche et concernant la Phase III (2032–2035), il plaide pour la flottation progressive complète, d'option d’un taux de change flexible déterminé par les forces du marché avec une intervention limitée de la Banque centrale, de la suppression du système à double taux et transition vers un taux unique. Par rapport au volet économique, il focalise sur le renforcement de l’intégration de l’économie nationale dans les marchés financiers mondiaux. La transition vers une plus grande flexibilité du taux de change pourrait initialement entraîner une dépréciation du dinar, une hausse des prix de certains produits importés, et donc une augmentation de l’inflation ainsi qu’une baisse du pouvoir d’achat. Cependant, la stabilité institutionnelle, un environnement incitatif à l’investissement, l’afflux des investissements étrangers et la création d’emplois peuvent réduire ces effets et les rendre temporaires. La libéralisation pourrait accroître l’inflation et affecter les ménages. L’adoption d’une approche progressive permet d’éviter un choc brutal et donne aux institutions et aux familles le temps de s’adapter. Les solutions comprennent : le soutien ciblé aux catégories vulnérables, un contrôle strict des prix et l’orientation des subventions vers les produits de base. La réussite exige une plus grande transparence de la Banque centrale, la publication régulière de données sur la politique monétaire, ainsi que l’ouverture de canaux de dialogue avec les entrepreneurs et la diaspora, afin de renforcer la confiance dans la transition. Notre interlocuteur conclut dans son Analyse sur la situation économico-financière, que la réforme du système de change en Algérie est une nécessité nationale pour assurer la transparence, éliminer le marché parallèle et attirer les flux financiers de la diaspora ainsi que les investissements étrangers.
Réformes de la politique de change en Algérie. Pour une grande transparence de la Banque centrale
- par Nadira FOUDAD
- Le 12 Novembre 2025
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