Urbanisme. Oran, entre modernité et perte du lien social

Oran change, s’agrandit, s’impose comme une métropole dynamique du littoral ouest. Mais derrière les immeubles flambant neufs et les avenues élargies, se cache une autre réalité: celle d’une société oranaise en quête de repères, tiraillée entre modernité et traditions oubliées.
Il fut un temps où chaque quartier d’Oran vivait au rythme de ses habitants. Le voisinage avait un nom, une voix, une âme. Les ruelles d’Eckmühl, les terrasses d’El Hamri, les cafés populaires de Sidi El Houari racontaient des histoires d’amitié, de solidarité et de partage. Aujourd’hui, ces valeurs s’effritent peu à peu, étouffées par l’individualisme et la course quotidienne. Le phénomène est visible partout.
Les jeunes, connectés au monde entier, se connaissent moins entre eux. Les anciens, eux, observent avec mélancolie la disparition des gestes simples : un “salam” du matin, une main tendue pour aider, une porte laissée ouverte aux voisins. La société oranaise, jadis tissée de liens invisibles mais solides, semble se transformer en un archipel d’indifférences. Les associations tentent, tant bien que mal, de retisser le tissu social. Les initiatives citoyennes se multiplient dans certains quartiers, rappelant que la chaleur humaine d’Oran n’a pas complètement disparu. Mais beaucoup regrettent ce temps où “tout le monde connaissait tout le monde”, où les enfants jouaient dans la rue sous l’œil bienveillant. Oran avance, c’est vrai. Mais son véritable défi n’est pas seulement urbain, il est humain. Il s’agit de reconstruire le lien social, cette richesse invisible qui faisait autrefois la fierté et le charme de la ville. Car une cité sans entraide ni mémoire n’est qu’un décor sans vie.


ads