Faux

Ils se disent “raqi” et prétendent guérir par le Coran. En réalité, plusieurs d’entre eux ne sont que des escrocs profitant de la détresse et de la crédulité de citoyens en quête de soulagement. À Oran, le phénomène prend de l’ampleur, inquiétant les imams et les familles trompées par ces pratiques douteuses. Dans certains quartiers d’Oran, des maisons ordinaires se transforment en véritables “centres de roqya”. On y voit défiler chaque jour des dizaines de personnes venues chercher un remède à leurs maux physiques, psychologiques ou familiaux. Mais derrière cette façade religieuse, se cache souvent un commerce bien organisé, où la foi sert de prétexte à l’arnaque. Ces faux guérisseurs fixent leurs tarifs selon le “niveau du mal” et n’hésitent pas à exiger des sommes importantes avant toute séance. Le discours est toujours le même : “On chasse le djinn, on brise la sorcellerie, on rétablit la paix du foyer.” Mais la plupart du temps, aucune amélioration ne se produit. Pire encore, certains patients ressortent traumatisés ou ruinés. Des témoignages recueillis dans la capitale de l’Ouest évoquent des pratiques troublantes: séances nocturnes, potions suspectes, imposition des mains sur des femmes seules, voire des menaces pour obtenir plus d’argent. Ces “raqi” autoproclamés, sans aucune formation religieuse, détournent le sens même de la roqya char'iya. Pour les imams d’Oran, la vraie roqya n’a rien à voir avec ces dérives. “Le Coran n’est pas un outil de commerce. La roqya authentique se fait dans la piété, sans contrepartie matérielle et avec le respect du malade”, rappelle l’imam El Mahi de la mosquée Abou Bakr Essedik de Boulanger. Les services de sécurité à travers le pays auraient déjà reçu plusieurs plaintes, notamment de femmes abusées ou de familles flouées. Mais le phénomène reste difficile à cerner, car ces séances se déroulent souvent en toute discrétion, dans des appartements privés ou des garages aménagés. À Oran, comme ailleurs, la foi des citoyens ne doit plus servir de terrain fertile à la tromperie. Une sensibilisation s’impose, tant sur le plan religieux que juridique, afin de distinguer la vraie roqya, spirituelle et sincère, de la supercherie orchestrée par des charlatans sans scrupules. La foi doit guérir les cœurs, non remplir les poches de ceux qui la détournent.  


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