L’Algérie franchit un cap stratégique dans sa quête de diversification économique. Jeudi, une réunion de coordination entre les ministères des Hydrocarbures et de l’Énergie a consacré l’accélération du développement de la filière lithium, pierre angulaire de la transition énergétique nationale. Sous la houlette de Mohamed Arkab et Mourad Adjal, les deux ministres ont affiché une volonté claire : faire du «nouvel or blanc» un levier de souveraineté industrielle et technologique. Les travaux menés dans le Hoggar et à In Guezzam, en partenariat avec le groupe chinois Ganfeng Lithium, ont révélé des indices prometteurs. Ces découvertes ouvrent la voie à un vaste chantier national, porté par la Société nationale de recherche et d’exploitation minière (Sonarem). Son PDG, Belkacem Soltani, évoque déjà une stratégie pragmatique: «Nous transformerons d’abord nos ressources en fer et phosphate, en attendant la confirmation du potentiel géologique du lithium», a-t-il précisé, tout en annonçant la possible importation temporaire du métal pour lancer la production des batteries LFP (Lithium-Fer-Phosphate). Le fer et le phosphate, piliers de cette première phase, serviront à fabriquer les anodes et cathodes, composants essentiels des batteries électriques. Mais l’ambition va bien au-delà. Un protocole d’accord, signé entre l’Office national de la recherche géologique et minière et le professeur Karim Zaghib, figure mondiale des technologies de batteries, trace une feuille de route ambitieuse: exploration, transformation locale, industrialisation et formation des compétences. Pour le Pr Zaghib, l’Algérie possède «un écosystème exceptionnel: les métaux, l’énergie et surtout la ressource humaine». L’expert, reçu par le président Abdelmadjid Tebboune, plaide pour une interdiction de l’exportation de minerais bruts : «Il faut transformer ici, en Algérie. C’est la clé pour créer de la valeur et générer jusqu’à 100 000 emplois ». Sa vision est claire: bâtir un écosystème intégré, de la mine à la batterie, en passant par la recherche et la formation. Cette filière, au croisement des mines, de l’énergie solaire et de la mobilité électrique, symbolise la mutation industrielle du pays. En misant sur le lithium et ses dérivés, l’Algérie entend s’imposer comme un acteur majeur du stockage d’énergie et des technologies propres d’ici 2030. Comme le résume Zaghib: «L’Algérie a tout pour devenir un acteur clé des batteries de demain. Le temps est venu de transformer le potentiel en puissance».



