Poisson algérien, l’heure du renouveau

Le poisson, jadis symbole de la simplicité des tables populaires, est en passe de redevenir un produit accessible à tous. C’est, en somme, le pari du gouvernement algérien: faire de la mer un levier de sécurité alimentaire et de développement durable. Et à voir la dynamique à l’œuvre dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture, on peut dire que la modernisation n’est plus une promesse, mais une feuille de route. «Il est temps de franchir le cap d’une pêche artisanale vers une pêche pleinement professionnelle», déclare Badreddine Benali, directeur des programmes d’investissement à la Direction générale de la pêche et de l’aquaculture. La vision est claire: valoriser les ressources maritimes tout en diversifiant la production grâce à l’aquaculture. Car si la pêche en mer se raréfie, les bassins d’élevage, eux, s’ouvrent sur des perspectives nouvelles. Le tilapia rouge, poisson d’eau douce à la chair tendre et bon marché, devient le symbole de cette transition. L’État vise 4 000 tonnes de production dans les trois ans, soutenu par un programme qui couvrira treize wilayas et produira 45 millions d’alevins. L’effort est aussi budgétaire. Le ministre Yacine El-Mahdi Oualid rappelle que le projet de loi de finances 2026 accorde plus de 7,5 milliards de dinars au secteur, assortis de mesures incitatives: bonification de 50 DA par kilo produit, exonérations fiscales et crédits bonifiés. Autre tournant: l’autorisation d’importer des navires industriels de moins de 15 ans, un assouplissement majeur pour moderniser une flotte composée à 60 % de barques artisanales. Objectif: hisser l’Algérie dans la pêche hauturière et renforcer sa présence sur les marchés régionaux. Mais la modernisation ne se limite pas aux quais. Une entreprise publique, placée sous la tutelle de l’ONAB, sera bientôt créée pour collecter, commercialiser et promouvoir les produits de la pêche et de l’aquaculture. Une première. «Cette structure permettra de soutenir les petits producteurs et d’assurer une meilleure traçabilité», souligne Miloud Triaa, directeur général de la pêche. Le numérique, via une plateforme nationale, viendra compléter le dispositif pour fluidifier les échanges et réduire les marges excessives entre port et consommateur. C’est dans ce climat d’ouverture et d’ambition que s’ouvre le SIPA 2025 à Oran, véritable vitrine de l’économie bleue. Plus de 180 exposants venus de 17 pays, dont Oman et le Japon, débattront de durabilité, d’innovation et de partenariats. L’Agence japonaise JICA y présentera son projet de récifs artificiels, symbole d’une pêche artisanale repensée, durable et participative. Sous la houle des réformes et le souffle de la modernité, l’Algérie trace son sillon dans l’économie bleue.


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