L’Algérie accentue son engagement dans la lutte contre la contrefaçon, un fléau économique, sanitaire et sécuritaire dont l’ampleur ne cesse de croître. Lors du séminaire international organisé à Alger sous le thème «Dangers et solutions dans la lutte anti-contrefaçon», la cheffe du bureau de lutte contre la contrefaçon à la Direction générale des Douanes (DGD), Celia Hakimi, a révélé que 387.026 articles contrefaits ont été saisis au cours des neuf premiers mois de 2025. Une hausse spectaculaire comparée aux 83.648 produits saisis en 2024. Les articles concernés, majoritairement importés de Chine et de Turquie, comprennent des logos (36,1 %), des dentifrices (33,4 %), des vêtements (20,1%) et des chaussures de sport (6,1%). Depuis 2007, près de 15 millions d’articles ont été interceptés, grâce à un système d’alerte et de saisie rigoureux reposant sur un cadre légal solide. Mme Hakimi a insisté sur la nécessité d’une approche transversale impliquant Douanes, institutions publiques, titulaires de droits et consommateurs, ainsi que sur le renforcement de la coopération et de l’échange d’informations pour contrer ce phénomène qui menace la compétitivité des entreprises et la sécurité sanitaire des citoyens. Les enjeux dépassent le simple cadre juridique. Toufik Bouzina, chargé des litiges à l’INAPI, a rappelé que la contrefaçon est un frein à l’innovation et à l’investissement et qu’elle alimente une économie informelle parfois liée à des réseaux criminels. L’ère numérique et l’intelligence artificielle accentuent ces défis, facilitant la prolifération des contrefaçons en ligne et compliquant la traçabilité des infractions, tout en posant des questions nouvelles sur la responsabilité juridique des œuvres générées par l’IA. Les produits sanitaires contrefaits constituent une menace particulièrement critique. Selon le représentant de l’Union européenne, Selipe Palacios Sureada, des milliers de décès sont liés à la consommation de médicaments falsifiés et d’équipements médicaux défectueux. Cette réalité souligne l’urgence de renforcer la coopération régionale et internationale dans la lutte contre la contrefaçon. Au-delà de la répression, l’Algérie investit dans la valorisation du patrimoine culturel et du savoir-faire local. Le séminaire a été marqué par le lancement du concours national «Export’Art», destiné à accompagner les artistes et artisans dans leur rayonnement international, avec des formations et un label certifiant. Cette initiative traduit la volonté du pays de promouvoir une économie créative et durable tout en consolidant sa position comme pôle régional de référence dans la protection de la propriété intellectuelle et industrielle. Ainsi, la lutte contre la contrefaçon en Algérie combine répression efficace, adaptation légale et technologique, et valorisation du capital culturel, offrant un modèle intégratif pour sécuriser les droits des créateurs et la santé publique, tout en stimulant l’innovation et la compétitivité nationale.



