OPEP: L’Algérie dans le camp de la stabilité

Lundi matin, les marchés pétroliers ont retrouvé quelques couleurs: le Brent a progressé de 0,43% à 65,05 dollars le baril, et le WTI américain de 0,41%, à 61,23 dollars. Une respiration bienvenue, après des mois de dégringolade, portée par la décision de l’OPEP+ de suspendre ses hausses de production au premier trimestre 2026. Le cartel pétrolier mené par l’Arabie saoudite a choisi la prudence, redoutant que l’offre ne dépasse la demande au tournant de l’année. Cette inflexion marque une pause dans la stratégie de reconquête engagée depuis avril. Huit pays: Arabie saoudite, Russie, Irak, Émirats arabes unis, Koweït, Kazakhstan, Oman et Algérie, avaient progressivement augmenté leur production, ajoutant près de 2,7 millions de barils par jour. En décembre, l’OPEP+ relèvera encore son quota de 137 000 barils quotidiens, mais ce sera la dernière hausse avant un gel hivernal. «Cette décision reflète la prise de conscience d’un large excédent potentiel au début de 2026», analyse Warren Patterson, d’ING. L’Agence internationale de l’énergie évoque déjà une offre excédentaire de plus de 2 millions de barils par jour l’an prochain. Pour Helima Croft, de RBC Capital, «il existe de nombreuses raisons d’adopter une approche prudente», citant la faiblesse de la demande asiatique et les incertitudes liées aux sanctions américaines visant le pétrole russe. Car Moscou, pilier de l’alliance, reste un facteur d’instabilité. Sous le coup de nouvelles sanctions de Washington contre Rosneft et Lukoil, et frappée par des attaques ukrainiennes sur ses installations portuaires, la Russie ne peut plus jouer pleinement son rôle de producteur de secours. «Le marché sous-estime l’impact réel des sanctions américaines», a averti Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies. Dans ce concert d’ajustements et de calculs, l’Algérie se montre particulièrement vigilante. Son ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, a salué «une approche prudente et coordonnée» destinée à préserver l’équilibre du marché. La part algérienne dans l’augmentation de décembre sera modeste, environ 4 000 barils par jour mais symbolique: Alger entend rester un acteur discipliné et influent au sein du groupe. La pause décidée par l’OPEP+ illustre la difficulté de concilier ambitions nationales et stabilité mondiale. Entre les exigences budgétaires de Moscou, les équilibres diplomatiques de Riyad et les fragilités de la demande asiatique, le marché de l’or noir avance sur un fil. Une chose est sûre: la prudence est redevenue la meilleure alliée des producteurs.


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