n numéro vert pour signaler des cas de consommation de psychotropes dans les espaces scolaires. Saadaoui en guerre contre la drogue

L’heure a sonné. La grande «guerre» contre la prise de drogues et des substances psychotropes en milieu scolaire est lancée en Algérie. Le ministre de l’Éducation Nationale, Mohamed Seghir Saadaoui, hausse le ton. Pour la première fois dans les annales du système éducatif algérien, un «numéro vert» sera mis en place pour signaler les cas de prise de drogue ou de substances psychotropes en milieu scolaire. Drogue en milieu scolaire, ce fléau effraie aujourd’hui tant les pouvoirs publics que les parents appelés désormais plus que jamais à assumer pleinement leurs responsabilités et jouer le rôle qui leur incombe afin de surveiller leurs enfants et les empêcher de consommer les «poisons». Les enfants et les jeunes en ligne seront en toute sécurité. L’expérience a démontré que l’environnement extérieur de l’élève est souvent le fil déclencheur de la consommation de ces substances interdites. Le défi est également de surveiller et de combattre ce fléau à partir de l’extérieur par exemple à proximité de l'école, d’un collège et pourquoi pas aux abords des cafés et petit resto avoisinants aux établissements scolaires. Le ministre a annoncé ce dimanche la décision de mettre en place, prochainement, une ligne verte dédiée au signalement des cas de consommation de substances psychotropes, quelles que soient leurs natures, au sein des établissements scolaires. Le signalement du trafic de stupéfiants se fera par téléphone ce qui suppose que les appels seront en principe gratuits et anonymes pour garantir l’équilibre et la sécurité pédagogique de l’élève et de son établissement. Cette mesure est mise en place simultanément au lancement dimanche de la Caravane nationale de prévention des stupéfiants en milieu scolaire. Dans ce contexte, le ministre M.Saadaoui a exhorté tous les élèves à s’engager dans cette démarche visant à sauver leurs camarades consommant des psychotropes et des drogues de ce danger. S’exprimant lors du lancement de la Caravane Nationale de Sensibilisation aux dangers de la drogue et des psychotropes en milieu Scolaire, le ministre de l’éducation a également appelé les services du Ministère de l’Intérieur à prendre des mesures pour sécuriser l’environnement des écoles, considérant qu’il est une source de danger pour la propagation de ces poisons. Placée sous le thème «Novembre, une nouvelle ère. Une jeunesse consciente et saine», cette caravane est inaugurée par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaâ, depuis le Makam Chahid à Alger. Simultanément, les walis donnent le coup d’envoi des activités dans les autres wilayas du pays. Cette action est le fruit d’une large coordination institutionnelle, pilotée par l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT). Elle rassemble plusieurs départements ministériels, notamment l’Intérieur, la Santé, l’Éducation nationale, les Affaires religieuses, la Jeunesse, la Solidarité nationale et les Sports. Sont également impliqués l’Observatoire national de la société civile (ONSC), l’Organe national de protection et de promotion de l’enfance (ONPPE) et le Croissant-Rouge algérien (CRA). L’objectif est clair : renforcer la prévention, protéger les jeunes contre les effets destructeurs des drogues et mobiliser la société civile autour d’une culture de vigilance. Le programme de la caravane a un double impact. Il est à la fois pédagogique et mobilisateur. Il comporte l’organisation de conférences, d’ateliers éducatifs, des interventions ciblées en milieu scolaire ainsi que des démonstrations sur le terrain et des colloques régionaux réunissant experts, éducateurs et acteurs associatifs. Cette initiative répond à une situation devenue préoccupante à plus d’un titre. Il s’agit de sauver les jeunes notamment la frange scolarisée de ce fléau. Pour rappel, un colloque thématique tenu en décembre 2023 à Oran a révélé que près de 54.000 élèves avaient consommé des substances psychotropes au cours du premier semestre de l’année. Les conséquences sont graves: troubles comportementaux, isolement, agressivité, difficultés d’apprentissage, échec scolaire et déscolarisation précoce. L’initiation à ces substances s’explique notamment par la curiosité, la pression des pairs et le manque de sensibilisation familiale. La campagne s’inscrit dans un contexte de durcissement du dispositif pénal contre les stupéfiants. De nouvelles dispositions du Code pénal, récemment entrées en vigueur, prévoient des peines aggravées contre les trafiquants, en particulier lorsque des mineurs ou des établissements scolaires sont concernés. Pour protéger l’espace scolaire, ces textes autorisent notamment le dépistage de la drogue parmi les élèves et sanctionnent sévèrement la vente, la distribution ou l’incitation à la consommation à proximité des écoles. Les trafiquants impliquant des mineurs s’exposent désormais à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de sanctions financières dissuasives. En parallèle, le ministère de l’Éducation nationale a renforcé la vigilance en installant des cellules de veille dans chaque direction d’éducation et en organisant, tout au long de l’année, des campagnes d’information sur les dangers de la drogue, de la violence et des comportements à risque. Cette caravane nationale confirme que, face à ces risques, l’Algérie mise sur la prévention comme meilleure protection pour ses jeunes générations.


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