Contre la drogue, l’école en première ligne

C’est un dimanche pas comme les autres qui s’est levé sur Alger. Depuis le Maqam Echahid, symbole de résistance et de mémoire, une nouvelle bataille a été lancée : celle contre la drogue en milieu scolaire. Sous le haut patronage du Premier ministre Sifi Ghrieb, la caravane nationale de sensibilisation sillonne désormais le pays, portée par un mot d’ordre ambitieux: «Novembre, une nouvelle ère. Une jeunesse consciente et saine». Derrière les slogans, une urgence criante: celle de sauver les élèves d’un fléau qui ronge désormais les bancs de l’école. Conférences, ateliers, interventions pédagogiques : les ministères de la Justice, de l’Éducation, de la Santé et de l’Intérieur unissent leurs forces pour enrayer la progression de ce mal. Le ministre de l’Éducation, Mohamed Seghir Saâdaoui, ne mâche pas ses mots: des élèves ont été surpris en possession de psychotropes à l’entrée même de leur établissement. Un constat glaçant qui a conduit à des mesures inédites. Parmi elles, la mise en place prochaine d’un numéro vert pour signaler anonymement tout cas suspect et un renforcement de la sécurité aux abords des écoles, souvent transformés en points de vente à ciel ouvert. Mais la lutte ne se limite plus à la sensibilisation. Elle s’ancre désormais dans la loi. Promulguée en juillet 2025, la loi n° 25-03 durcit le cadre légal de la lutte contre la drogue, tout en introduisant une dimension préventive inédite. L’article 5 bis 10 prévoit des examens médicaux périodiques et des dépistages précoces dans les établissements scolaires — non pas pour punir, mais pour soigner. Les élèves testés positifs seront orientés vers des mesures curatives, protégés par le secret médical. Une approche qui rompt avec la stigmatisation et place la santé publique au cœur du combat. Cette mobilisation nationale intervient alors que les chiffres, eux, donnent le vertige. Selon l’Office national de lutte contre la drogue, plus de 54 000 élèves ont consommé des substances psychotropes en 2023. Derrière ces statistiques, des visages, des familles, et une jeunesse en péril. Le défi est immense : transformer la peur en action, la honte en dialogue, et la répression en prévention. Car au fond, cette guerre-là ne se gagnera pas seulement dans les tribunaux ni dans les textes de loi, mais dans les classes, les foyers, et les consciences. L’école, autrefois sanctuaire du savoir, doit redevenir un espace sûr — un bastion où l’avenir se construit, non pas où il s’effrite sous les fumées toxiques de l’oubli.


ads