Des cahiers et aveux assez bouleversants sur l’histoire de l’Algérie continuent de sortir des tiroirs des français. De quoi être fier d’être algérien pour la simple raison qu’il s’agit d’anciens combattants de l’armée coloniale qui ont vécu les premiers mois de la colonisation de l’Algérie. «L’Algérie était un pays riche et prospère avant l’arrivée des français». Cette expression que partagent aujourd’hui d’anciens officiers et historiens français font la notoriété de l’Algérie avant son occupation. Pourquoi alors ces derniers l’ont occupée ? Des historiens étrangers et français notamment sont unanimes. «C’est pour ses richesses comme le phosphate, le fer et le plomb et ses terres à haute valeur et cultivées», rétorque un de ces historiens. L’Algérie était un pôle commercial et économique avec ses villes rayonnantes comme Constantine et Tlemcen. Dire que la colonisation de l’Algérie était une «civilisation» c’est croire au père Noël, un «mensonge de trop». D’anciens officiers de l’armée française avaient apporté leurs témoignages sur ce qui fut appelée à l’époque «la Régence d’Alger». «Tous les hommes y savaient lire et écrire » disait l’un d'eux, Claude Antoine Roset. Dès lors que le masque de la «colonisation de civilisation» tel évoqué par la France de l’époque s’effondra tel un château de cartes. 1er novembre 1954 fut une passation du flambeau des combattants algériens morts pour la libération de l’Algérie aux générations post indépendance et une renaissance de la Nation algérienne, une date décisive qui a marqué l'histoire riche du pays de Lala fatma Nsoumer, l’Emir Abdelkader, Boubaghla, Bouamama, Cheikh Haddad, Larbi Benmhidi, Zabana, Zighoud Youcef Colonel Amirouche… et la liste est longue de sacrifices de glorieux chouhada qui se comptent par des millions et qui se sont sacrifiés sur l’autel d’une cause noble et supérieure : la liberté des Algériens. Une date qui marque le début d'une Révolution pour la reprise d'une terre spoliée et conquise et la fin d'une subordination et d’une domination qui ont duré pendant 132 ans. Une guerre à un cachet existentiel pour défendre la Nation, son identité et ses terres héritées des ancêtres face à un colonialisme brutal dicté au nom de la "civilisation". Ce colonialisme cherchait à soumettre le peuple algérien par la terreur et le sang en ce sens que ce « faux prétexte » de la "civilisation" était absurde, d'autant que le niveau d'instruction des Algériens à l'époque était bien plus élevé que celui du peuple français, en témoigne l'ouvrage "Voyage dans la régence d'Alger en 1833" où son auteur, le commandant Claude-Antoine Rozet (1798- 1858) un officier, naturaliste et explorateur français n’en trouvait pas à redire. Il souligne que "presque tous les hommes savaient lire et compter", tandis qu'en France, "40% de la population était analphabète". La prospérité de l'Algérie avant le colonialisme, marquée par la richesse de ses ressources agricoles et la diversité de ses produits de terroir, n'était plus donc à démontrer. Ces ressources permettaient même au pays de dégager des excédents pour approvisionner certaines contrées de la Méditerranée, dont la France, qui avait une dette colossale envers l'Algérie pour les quantités considérables de blé qu'elle recevait. Ce naturaliste français reconnaît dans son livre La motivation purement «commerciale» à l’origine de la conquête de l’Algérie en 1830. Ses richesses furent une des principales raisons. Pour parvenir à sa fin, la France a pratiqué la politique de la terreur contre les Algériens pour spolier leurs terres. Les rapports militaires et les témoignages des soldats ayant vécu les événements de l'époque ne révèlent qu'une partie des crimes de guerre commis contre le peuple algérien. Des ordres ont été donnés par le maréchal Bugeaud contre les résistants algériens, notamment contre le symbole de la résistance nationale l'Emir Abdelkader, employant la méthode radicale de la terre brûlée qui consistait à détruire les récoltes et dévaster des villages, causant la mort de milliers d'Algériens dont des femmes et des enfants. Un changement de la structure démographique du pays s'imposait par la terreur repoussant les enfants de la terre vers des zones arides, loin des racines fertiles de leurs ancêtres pour les remplacer par les colons européens. Cette spoliation des terres a été institutionnalisée par la politique coloniale française, notamment par des lois facilitant la confiscation de terres, comme la loi Warnier de 1873, qui a permis l'accaparement massif des terres par les colons. En un siècle, près de trois millions d'hectares de terres fertiles ont été accaparés par la population européenne qui ne représentait que 10% de la population globale, pendant que 9 millions d'Algériens vivaient d'une agriculture de subsistance. L'introduction, par les colons, de nouveaux modes de production agricole basés sur une exploitation extensive et intensive des ressources naturelles, a profondément bouleversé les pratiques ancestrales des paysans algériens. Les cultures traditionnelles et les produits du terroir ont été remplacés par des cultures de rente (notamment la vigne) destinées à alimenter l'économie française, ce qui a conduit à la destruction progressive de l'autosuffisance alimentaire locale, aggravant la faim et la misère des Algériens. Comme si la spoliation des terres ne suffisait pas, les autorités coloniales imposaient aux agriculteurs algériens des fiscalités oppressives aggravant leur précarité, tandis que les colons bénéficiaient de subventions et de conditions fiscales favorables renforçant leur mainmise sur les terres. C'est dans ce climat de colère et d'oppression que, le 1er novembre 1954, une étincelle de révolte éclate et parcourt les quatre coins du pays, donnant naissance à un mouvement de lutte organisé pour l'indépendance et l'affranchissement du joug colonial. Le monde rural, qui a été longtemps écrasé par des décennies de colonisation, devient ainsi l'un des théâtres majeurs de cette guerre de dignité, animé par l'espoir de récupérer ses terres spoliées et de renouer avec la prospérité d'antan. Ce monde rural est devenu, aujourd'hui, l'un des garants de la sécurité alimentaire et du progrès socio-économique du pays, grâce aux différentes réformes entreprises par les pouvoir publics après l'indépendance, à commencer par la révolution agraire des années 1970, lancée par le défunt président Houari Boumediene. Depuis lors, l'Algérie est parvenue à surmonter les longues années de braise en retrouvant progressivement sa sécurité et sa souveraineté alimentaires avec des performances très appréciables. En témoignent les derniers rapports internationaux, dont celui des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui classent l'Algérie en première position aux niveaux arabe et africain en matière de sécurité alimentaire. Ainsi, ces luttes passées continuent d'inspirer un présent empreint de fierté et d'espoir, alors que l'Algérie se projette vers un avenir prometteur, en misant pleinement sur ses jeunes pour poursuivre le combat du progrès entamé il y a 71 ans.
1er novembre 1954. Une sacro-sainte révolution pour la dignité
- par B. Habib
- Le 01 Novembre 2025
- 103 visites



