Entre le Saint siège et l’Algérie règne une entente parfaite basée sur le respect mutuel et le partage des intérêts humanitaires, religieux et civilisationnels. Pour autant, les relations entre l’Eglise catholique et l’Algérie sont vieilles de plus de 50 ans de cela mais jusque-là, mis à part des rencontres «cordiales» et échanges des chefs religieux et chargés des relations entre les Etats de l’Eglise venus en Algérie, il faut reconnaître tout de même qu’aucun président algérien n’avait été reçu au Vatican depuis vingt ans avant la visite «historique» du président de la république M.Abdelmadjid Tebboune en juillet 2025. Ce qui traduit pour les spécialistes le changement dans les rapports diplomatiques et les visions entre l’Algérie et le Saint siège ces dernières années à la lumière des mutations et des défis géopolitiques dans le monde. On ne s’étonne pas de cette position positive affichée depuis des lustres par l’Algérie à l’égard des questions religieuses mais aussi à l’ égard des autres communautés religieuses. Avant Tebboune, l’Emir Abdelkader avait montré son humanitarisme et sa reconnaissance mondiale après avoir sauvé les chrétiens à Damas où il avait été installé par l’armée coloniale. Homme de dialogue interreligieux et homme saint et héros de la paix entre les musulmans et les chrétiens, il a inspiré les générations algériennes futures. Homme de paix, partisan des causes justes et de dialogue, le président algérien sera d’ailleurs l’un des rares chef d’Etat au monde à être reçu au Vatican. L’Archevêque d’Alger soutient à ce titre que la politique de l'Algérie en matière de dialogue interreligieux est un "exemple à suivre". L’Archevêque d'Alger, Jean-Paul Vesco souligne que la récente rencontre au Vatican entre le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune et le Pape Léon XIV "a fait tomber bien des barrières". La rencontre entre le président et le nouveau Pape a été un moment de triomphe des relations entre l’Algérie et l’Eglise catholique. Elle a permis de lever les zones d’ombre et a fait tomber la «surenchère» des ennemis de l’Algérie ."Cette rencontre a d'abord été profondément humaine. Elle a fait tomber bien des barrières. Le Pape Léon XIV connait bien l'Algérie, il y est venu à deux reprises avant son élection. Il porte une affection sincère pour ce pays et pour son peuple. Quant au Président Abdelmadjid Tebboune, il a toujours exprimé son respect pour l'Eglise catholique. Ce respect est pleinement réciproque", a indiqué Jean-Paul Vesco dans une interview publiée dimanche par le quotidien Horizons. Relevant que cela faisait vingt ans qu'aucun président algérien n'avait été reçu au Vatican, l'Archevêque d'Alger a qualifié la rencontre de juillet dernier d'"extrêmement importante" et de "signe fort de bonnes relations entre le Saint Siège et l'Algérie". Pour lui, ces signes ont déjà été "consolidés" lors de la visite de Mr Gallaghar, (l'équivalent du ministre des Affaires étrangères du Pape) en octobre 2022, à l'occasion du cinquantenaire des relations diplomatiques entre les deux Etats, soulignant que cette dynamique "témoigne d'un approfondissement réel des échanges". Interrogé sur les espaces à explorer pour renforcer le dialogue interreligieux, Jean-Paul Vesco a rappelé que la politique de l'Algérie dans ce sens est un "exemple à suivre", soulignant que l'Algérie, pays musulman, a de tout temps réservé une place aux minorités, dont la minorité chrétienne. L'Eglise est présente en Algérie depuis longtemps avec Saint Augustin comme figure emblématique. Après l'indépendance, en 1962, le Cardinal Duval a encouragé les religieux à rester pour témoigner qu'il était possible de vivre ensemble, a-t-il mentionné. Répondant à une question relative à la montée de l'islamophobie en Occident et sur les moyens d'y remédier, l'Archevêque d'Alger a indiqué que ce phénomène "existe effectivement" et se nourrit de "la peur, de la méconnaissance et du repli communautaire", soulignant que "l'Algérie, de par son histoire et sa géographie, se trouvant à la croisée du monde occidental et du monde arabo-musulman, peut jouer un rôle de passerelle". Abordant la question du colonialisme, Jean-Paul Vesco a estimé qu'il existe "une blessure de mémoire profonde liée à l'histoire coloniale en Algérie", précisant que "toute colonisation est une violence" et que cette violence "n'a pas été pleinement reconnue". "Ce silence entretient les tensions actuelles entre l'Algérie et la France. Il faut oser une réconciliation des mémoires, non pour accuser, mais pour libérer les générations à venir".
Dialogue interreligieux. La politique de l'Algérie est un exemple à suivre
- par B. Habib
- Le 27 Octobre 2025
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