Le Barrage vert face au défi de la durabilité

A l’occasion de la Journée nationale de l’arbre, l’Algérie a vécu une nouvelle campagne de reboisement d’envergure, avec pour objectif plus d’un million de plants mis en terre à travers le pays. Un geste symbolique, certes, mais aussi un acte stratégique face à la dégradation accélérée des sols et à l’avancée silencieuse du désert. Invitée de l’émission, L’Invité du jour sur la Radio Chaîne 3, Mme Sabrina Rachedi, directrice de la restauration des terres et du reboisement à la Direction générale des forêts, a tenu à rappeler que cette campagne se veut avant tout adaptée à la diversité climatique du territoire. Dans le Nord, l’effort porte sur le traitement des bassins versants pour limiter l’érosion hydrique et protéger les barrages de l’envasement. Sur les Hauts Plateaux, le travail s’oriente vers la lutte contre l’ensablement et la désertification, à travers des espèces adaptées aux zones arides et semi-arides. Quant au Sud, priorité est donnée au renforcement des ceintures vertes destinées à préserver routes, voies ferrées et agglomérations des vents de sable. Mais pour Mme Rachedi, le véritable enjeu ne se mesure pas au nombre d’arbres plantés. Il réside dans l’entretien, la surveillance et la préservation de ce qui a déjà été mis en terre. Car planter, dit-elle en substance, « ne sert à rien si l’on ne protège pas ». Les forêts algériennes, fragilisées par les incendies, le changement climatique et l’incivisme, subissent de plein fouet les comportements irresponsables : coupes sauvages, pâturage excessif, déchets abandonnés dans les zones boisées… autant de maux qui effacent en quelques saisons les efforts de plusieurs campagnes. Cette année, la DGF veut donc transformer la mobilisation citoyenne en engagement durable. L’idée : faire des participants de véritables gardiens de la forêt, impliqués tout au long de l’année dans la protection des plantations et la restauration des écosystèmes. C’est là que se joue, selon elle, la réussite du Barrage vert, dont 26 000 hectares ont déjà été reboisés depuis sa relance en octobre 2023. Aujourd’hui, l’Algérie compte 4,1 millions d’hectares de forêts, soit à peine 2 % du territoire national. Un chiffre modeste face aux ambitions du pays, qui vise la norme internationale de 16 % de couverture forestière. Pour y parvenir, il faudra plus qu’une campagne : un changement de mentalité, une alliance entre l’État, les collectivités et les citoyens. Car planter un arbre, c’est bien. Le voir grandir, c’est mieux. Et c’est peut-être là que commence le vrai barrage contre le désert.


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