Soit la spéculation aurait la peau dure ou bien, ce sont ses adversaires qui auraient la peau sensible. C’est ainsi qu’ils n’ont pas pu venir à bout de ce redoutable phénomène socioéconomique. Si nous n’avons pas encore réussi notre croisade contre les gangs de la spéculation, c’est qu’il y aurait, quelque part, anguille sous roche, de la tricherie dans cette lutte. La spéculation se tient en vie, grâce aux complicités dans les différents paliers de la bureaucratie nationale. Dans des précédentes chroniques, j’avais insisté sur le fait que l’impuissance de l’Etat face aux gangs de la spéculation aurait été opérée par préméditation. Pourquoi? Parce que, seul un Etat impuissant pourrait faciliter la tâche à la spéculation et aux activités informelles. Le premier symptôme de ce mal de l’impuissance est la corruption. L’irrésistible pouvoir de l’argent, peu importe qu’il soit blanc immaculé ou entaché, c’est toujours l’arme redoutable face auquel, aucune loi, aucun règlement, aucune législature, aucun esprit saint, ne saurait y résister. Je crois que l’on avait assez dit sur la corruption en Algérie. Grâce à la corruption, des agents de la bureaucratie nationale seraient devenus des partenaires «économiques» dans le travail spéculatif. Rares sont ces responsables, tous paliers confondus, qui n’agissent pas dans le monde de la spéculation, moyennant leur influente autorité, grâce à des sociétés écrans, des prête-noms ou des courtiers et même des activités offshore. Les spéculateurs du lait en sachet ou de la tomate en conserve ne représentent absolument rien devant les puissants cartels qui inspirent la crainte même aux plus puissants des responsables. Leur épouvantable pouvoir serait sans limite. Cela viendrait du fait qu’ils tissent des relations d’intérêts, mais occultes avec des réseaux encore plus puissants, agissant sur les quatre coins de la planète. Donc, cette peau dure ne vient pas de rien. Nous sommes devant un iceberg dont les trois quart sont submergés par l’eau et dont nous n’en savons que peu de choses. En vue de conserver cette peau dure, le plus longtemps possible, il faudrait travailler à affaiblir l’Etat, en le plongeant dans la corruption, le favoritisme, l’affairisme, le clientélisme et tous les maux ne permettant jamais aux choses de bien marcher, comme il le faut… Dans toute cette marmelade, c’est finalement le «ptit» citoyen, le damné de la terre, qui va payer de son sang, de sa vie, les folles cupidités des uns et le culte du dollar des autres.