Lors de l’ouverture du Salon NAPEC 2025 à Oran, le ministre algérien des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, a clarifié la vision énergétique de l’Algérie: «Adopter une politique de transition énergétique ne signifie en aucun cas renoncer à nos ressources fossiles, au premier rang desquelles figure le gaz naturel». À ses yeux, le gaz reste «un carburant de transition essentiel», propre, flexible, et capital dans la recomposition énergétique mondiale. Cette position intervient dans un contexte de turbulences sur le marché gazier international. Alors que l’Europe intensifie sa dépendance au GNL américain — avec des importations record prévues cet hiver —, les exportations algériennes, historiquement via gazoduc, sont sous pression. Le recul des flux algériens, combiné à la baisse des stocks européens (82,75 % en octobre), repositionne le gaz algérien comme un atout stratégique face à la volatilité des marchés. Mohamed Arkab l’a affirmé sans détour : l’Algérie entend investir 60 milliards de dollars dans des projets énergétiques d’ici 2029, dont 80 % seront consacrés à l’exploration et à la production en amont. Cette stratégie vise à renforcer la sécurité d’approvisionnement de ses clients tout en consolidant sa place de fournisseur fiable, notamment dans un contexte de repli des livraisons russes et de tensions géopolitiques autour du GNL. Le gazoduc transsaharien (TSGP), projet phare de coopération régionale, illustre cette ambition. Capable d’acheminer jusqu’à 30 milliards de m³ par an du Nigeria vers l’Europe via l’Algérie, ce pipeline s’inscrit dans une logique de diversification énergétique continentale, soutenue par la volonté algérienne de jouer un rôle de passerelle énergétique entre l’Afrique et l’Europe. En parallèle, l’Algérie investit dans les énergies renouvelables (3 200 MW prévus) et développe l’hydrogène vert et bleu. «Nous sommes engagés dans la transition énergétique sans pour autant abandonner le gaz en tant que ressource naturelle», a insisté Arkab, ajoutant que Sonatrach vise un taux de gaz torché inférieur à 1 % d’ici 2030, avec un programme de reboisement couvrant 520 000 hectares. Face aux appels de la Commission européenne à interdire le GNL russe dès 2027, l’Algérie se positionne comme une alternative fiable. Mais pour cela, elle doit moderniser son cadre juridique. Une nouvelle loi sur les hydrocarbures, plus incitative, vise à attirer les investissements étrangers — à l’image du récent cycle de licences 2024, ayant attiré Eni, TotalEnergies, Qatar Energy et Sinopec. Dans un marché mondial marqué par la concurrence féroce, la transition énergétique ne peut être synonyme de rupture brutale. «L’Algérie poursuit ses efforts pour valoriser toutes ses ressources de manière responsable et durable», a conclu Arkab, insistant sur la complémentarité entre développement durable, coopération régionale et souveraineté énergétique.



