En neuf minutes chrono, tout était dit. Ce dimanche 5 octobre, l’Algérie et sept autres membres de l’OPEP+ ont décidé d’augmenter leur production collective de 137 000 barils par jour à compter de novembre. Une hausse modeste, presque symbolique, mais qui révèle beaucoup des tensions et des équilibres internes au cartel. Pour l’Algérie, la contribution se limite à 4 000 barils par jour. Une goutte dans l’océan du marché mondial, mais un geste calculé. «C’est une décision prudente et équilibrée », a souligné le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, insistant sur la nécessité de « préserver la stabilité du marché tout en gardant une marge de manœuvre face aux incertitudes économiques». Ces mots traduisent l’approche algérienne : ne pas se laisser aspirer par la course aux volumes voulue par Riyad, tout en évitant de freiner une dynamique collective de reconquête. Car derrière les chiffres sobres se joue une bataille plus sourde. L’Arabie saoudite, forte de ses capacités de production, milite pour des hausses plus musclées – jusqu’à 500 000 barils par jour, selon Les Échos. La Russie, en revanche, prône la retenue, freinée par ses contraintes techniques et la nécessité de maintenir des cours suffisamment hauts pour financer son effort de guerre. Le compromis final, 137 000 barils, porte la marque de Moscou. L’Algérie, elle, avance à pas comptés. Son objectif n’est pas d’inonder les marchés, mais de rester dans la cadence tout en envoyant un signal de fiabilité à ses partenaires. Alger sait qu’une flambée incontrôlée de la production serait périlleuse : le baril de Brent, déjà, a chuté sous les 65 dollars cette semaine, en recul de 8 %, relève l’AFP. L’ombre d’une surabondance plane, alors même que la demande mondiale montre des signes d’essoufflement. Ce choix de la mesure reflète aussi un positionnement stratégique : l’Algérie préfère apparaître comme un acteur stabilisateur, gardien d’un équilibre fragile entre prix et volumes. Le message est clair : dans un environnement énergétique incertain, mieux vaut être le garant de la continuité que l’artisan de la précipitation. Le prochain rendez-vous est fixé au 2 novembre. En attendant, les marchés retiendront sans doute une chose : face à l’impatience saoudienne et aux calculs russes, l’Algérie a choisi la voie de la prudence. Une posture modeste, certes, mais qui lui confère paradoxalement un poids politique accru au sein de l’alliance. Dans l’OPEP+, parfois, ce sont les voix mesurées qui donnent le tempo.



