Dimanche, plus de 385.000 nouveaux stagiaires ont franchi les portes des établissements de formation professionnelle à travers le pays. Une rentrée d’ampleur qui vient s’ajouter aux 287.000 stagiaires déjà inscrits. Ce chiffre illustre l’importance croissante accordée à un secteur longtemps perçu comme secondaire mais désormais présenté par les autorités comme un levier essentiel de développement économique et social. Le ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels a mobilisé des moyens considérables pour cette rentrée: nouvelles places pédagogiques, ouverture de 26 établissements supplémentaires et lancement d’académies numériques, sans oublier la création d’un Institut africain à Boumerdès. L’offre de formation s’élargit avec l’introduction de spécialités adaptées aux besoins émergents du marché: analyse de données, graphisme 3D, commerce électronique, marketing numérique, contrôle qualité pharmaceutique ou encore systèmes intelligents. Autant de filières qui traduisent une volonté claire: rapprocher la formation professionnelle des réalités économiques. Mais au-delà des chiffres, c’est un véritable changement de paradigme qui s’opère. Le secteur, engagé dans une modernisation en profondeur, adopte une approche par compétences, plus proche des standards internationaux. Les programmes pédagogiques sont désormais conçus pour être flexibles, régulièrement actualisés, et orientés vers des métiers porteurs. La digitalisation joue un rôle central : inscriptions en ligne généralisées, recours à la formation hybride et intégration de modules liés aux compétences numériques et aux soft skills. Pour autant, le défi reste immense. La formation professionnelle doit encore lutter contre une image dévalorisée et convaincre qu’elle n’est plus un choix par défaut mais une voie d’avenir. Elle doit aussi répondre à une double exigence: former des profils immédiatement opérationnels et anticiper les mutations rapides du marché du travail notamment dans le numérique et les énergies renouvelables. Les réformes engagées ambitionnent également de renforcer les passerelles avec le monde de l’entrepreneuriat. Des centres de développement de projets et des salons régionaux de l’emploi sont organisés pour rapprocher stagiaires, employeurs et investisseurs. Le lancement annoncé du Baccalauréat professionnel, en coordination avec le ministère de l’Éducation, marque aussi une étape importante: donner à la formation professionnelle la reconnaissance académique et sociale qu’elle mérite. Reste que la réussite de cette «révolution silencieuse» dépendra de sa capacité à offrir non seulement des compétences mais aussi de véritables opportunités. Car au-delà des discours, l’enjeu est clair: doter l’Algérie d’une main-d’œuvre qualifiée, moderne et compétitive, capable d’accompagner les grands projets du pays.



