Pourquoi les déclarations d’une partie minoritaire en France participe à développer la haine de l’Algérie en France? Comment une partie politique extrémiste française, en pleine déconfiture voire déroute, suite à sa dernière débâcle aux élections législatives, sur la constitution du gouvernement, cherche par tous les moyens à remonter en selle par sa volonté de torpiller l’accord? La nouvelle «brèche» suscitée dans les rapports entre Alger et Paris par la double déclaration de Bruno Retailleau, nouveau ministre français de l’Intérieur, lundi 23 septembre et puis en octobre, sur la révision de l’Accord franco-algérien signé le 27 décembre 1968 sur la circulation, l’emploi et le séjour en France des ressortissants algériens, n’a pas laissé de marbre les hautes autorités algériennes officielles. A ces deux dernières sorties du ministre en question, accentuées ensuite par l’escalade d’une partie politique extrémiste de la classe française, l’Algérie a réagi vigoureusement et sans ménage aucun.
L’Accord, rappelons-le, octroie un statut particulier voire exceptionnel aux immigrés algériens, ce qui, a priori, semble déranger aujourd’hui et plus que jamais, au plus haut point, une partie extrémiste en France. Cet amalgame politique, savamment entretenu et orchestré autour de l’accord de 1968, intervient dans un timing régional marqué par une perte de vitesse de la France au Sahel, la remontée en surface des tensions sociales en France avec le désaveu populaire de la politique de Macron et puis, et bel et bien, le silence et l’impuissance de la France à se positionner sur les conflits en Palestine, face aux atrocités sionistes à Ghaza et au Liban, ce qui lui a suscité une image plutôt dénigrante et honteuse, selon certains spécialistes de médias étrangers, malgré les tentatives d’apaisement politique entre les deux capitales du bassin nord méditerranéen. Raison essentielle qui a conduit Alger, par la voix de son Président, à dénoncer officiellement les spéculations convoiteuses et concomitantes venues d’outre mer sur la revue de l’accord de 1968. Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a qualifié les appels de certaines parties françaises à la révision de l'accord de 1968 concernant la circulation et le séjour des Algériens en France de "slogan politique" d'une minorité extrémiste qui voue une haine à l’Algérie. Lors de son entrevue périodique avec des représentants des médias nationaux, diffusée samedi soir sur les chaînes de la Télévision et de la Radio nationales, le Président de la République a estimé que l'appel de certaines parties en France à renégocier l'accord de 1968 était "un épouvantail et un slogan politique d'une minorité extrémiste qui voue une haine à l'Algérie".
Il a assuré que cet accord "n'affecte en rien la qualité de la migration ni la sécurité de la France", soulignant que toute allégation contraire "est une contrevérité qui participe du chantage visant à instiller la haine de l’Algérie en France". "L'Algérie est toujours encline à la coexistence pacifique avec toute le monde, mais pas au détriment de sa dignité et de son histoire", a-t-il soutenu. En réponse à une question sur le travail de la Commission mixte chargée des dossiers mémoriels, regroupant des historiens algériens et français, le Président de la République a indiqué qu'elle "a joué son rôle au départ, mais son travail a été impacté par les déclarations politiques d'une minorité française hostile à l'Algérie". "Nous réclamons la vérité historique et exigeons une reconnaissance des massacres commis par la colonisation française qui était une colonisation de peuplement et nous n’accepterons pas les mensonges colportés sur l’Algérie", a-t-il insisté. Il a indiqué, à ce propos, avoir déjà évoqué avec son homologue français Emmanuel Macron, "l’ouverture d’une nouvelle page", précisant toutefois que "la citation du défunt président Houari Boumediene + Tourner la page sans la déchirer + reste de mise". Le Président de la République a en outre fait remarquer que la reconnaissance par la France dudit "plan d’autonomie" comme la seule base de règlement du conflit au Sahara occidental dans le cadre de "la prétendue souveraineté marocaine", va à l’encontre du respect du droit international et du Conseil de sécurité des Nations Unies dont la France est membre permanent. "Annoncer publiquement l’acceptation du +plan d’autonomie+ alors que le dossier du Sahara occidental se trouve au niveau de la commission de décolonisation de l"ONU, sachant que la France qui est membre du Conseil de sécurité, participe de la politique de deux poids deux mesures", a considéré le Président de la République. Dans le même contexte, M. Tebboune a précisé qu’il n’y avait pas de lien entre le retrait de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et la visite qui était programmée en France, réaffirmant que l’Algérie "n’ira pas à Canossa". «Je n’irai pas à Canossa», a lancé Abdelmadjid Tebboune. Popularisée par le chancelier allemand Bismarck à la fin du XIXe siècle, cette expression signifie aller supplier un pardon.
Accord de 1968, dossier mémoriel, visite en France... «Je n’irai pas à Canossa»
- par B. Habib
- Le 06 Octobre 2024
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