Octobre rose: prévenir pour sauver

Octobre s’installe en Algérie avec sa couleur rose, symbole d’un combat silencieux mais crucial: la lutte contre le cancer du sein. Chaque année, 15. 000 nouvelles femmes découvrent ce diagnostic et 4.200 en meurent, treize vies disparues chaque jour. Derrière ces chiffres froids, des histoires, des familles, des espoirs brisés. Mais face à cette réalité, une mobilisation nationale prend forme, entre prévention, dépistage et soins innovants. «Le dépistage précoce est la seule parade efficace», insiste Mme Hamida Kettab, présidente de l’Association El-Amel qui sillonne le pays pour sensibiliser les femmes, surtout dans les zones reculées. Des caravanes médicales, équipées de mammographes et d’échographes, parcourent, montagnes et villages, accompagnées de médecins et même d’imams pour convaincre celles qui hésitent encore. Le résultat est tangible: plus de 68 % des patientes sont aujourd’hui détectées à un stade précoce, évitant des traitements lourds et parfois mutilants. Dans les grandes villes comme Oran, Sidi Bel-Abbès ou Tlemcen, hôpitaux et associations se mobilisent, ouvrant leurs portes à des consultations gratuites, des séances psychologiques et des ateliers interactifs. Les cliniques privées et les pharmacies, en partenariat avec le secteur public, rejoignent ce mouvement, sous un même slogan: «Pour un avenir sans cancer du sein, agissons maintenant». La stratégie est claire : ne laisser aucune femme sur le bord du chemin. Mais la sensibilisation n’est qu’une partie du combat. L’État investit massivement dans l’infrastructure médicale. Sept nouveaux centres anticancer viennent s’ajouter aux dix existants, 256 centres de chimiothérapie sont en projet et le nombre d’accélérateurs de radiothérapie passera à 90 d’ici 2026. La production locale de traitements innovants, comme le Pembrolizumab développé par le groupe Saidal, permet enfin aux patientes d’accéder à des médicaments autrefois inaccessibles, tout en réduisant le coût pour le système de santé. Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie décennale 2025-2035, élaborée lors des Assises nationales de lutte contre le cancer où experts, médecins et associations définissent une feuille de route ambitieuse pour la prévention, le diagnostic et la prise en charge des patients. Dans un contexte mondial inquiétant où l’OMS prévoit une hausse continue des cas et des décès, l’Algérie mise sur la mobilisation collective pour inverser la tendance. Car chaque femme dépistée à temps, chaque dose de traitement disponible localement, chaque campagne de sensibilisation organisée est une victoire sur cette maladie qui frappe silencieusement. Dans ce combat, le rose devient plus qu’une couleur: il est l’emblème d’un espoir partagé et d’une détermination nationale à ne plus laisser le cancer dicter son rythme de vie.


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