À l’approche de sa réunion du 5 octobre, l’OPEP+ semble se diriger vers une nouvelle augmentation de sa production pétrolière d’au moins 137.000 barils par jour en novembre, selon trois sources citées par Reuters. Cette perspective marque la poursuite d’un virage stratégique entamé en avril: après des années de coupes destinées à soutenir les cours, le cartel mise désormais sur la reconquête des parts de marché. Ce changement intervient dans un contexte de prix instables. Après avoir chuté en début d’année sous les 70 dollars, le baril de Brent a brièvement dépassé les 70 dollars vendredi dernier, soutenu par des attaques de drones ukrainiens sur des infrastructures russes. Mais dès lundi, l’annonce d’une hausse probable de production a provoqué un recul de près de 3,5 % des deux indices de référence. Pour Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB interrogé par Reuters, «le consensus du marché semble être que l’OPEP+ relèvera à nouveau son quota global de 137.000 barils par jour». Il rappelle que la dernière hausse, début septembre, avait été décidée alors que le Brent valait 65,5 dollars: «Le groupe aime bien sûr les prix élevés, mais il est actuellement en train de regagner des parts de marché». La stratégie n’est pourtant pas sans risque. Selon Claudio Galimberti, économiste en chef chez Rystad Energy, cité également par Reuters, «avec l’OPEP+ qui privilégie désormais la part de marché, les fondamentaux s’assouplissent et les inquiétudes concernant une surabondance d’offre dominent». En clair, le marché pourrait rapidement se retrouver saturé si la croissance mondiale ralentit. D’autant que l’OPEP+ peine déjà à atteindre ses propres quotas: elle pompe environ 500.000 barils par jour de moins que ses objectifs officiels, notent les analystes. La troisième tranche de réduction – deux millions de barils par jour – reste en place jusqu’à fin 2026, mais pourrait elle aussi être allégée si la tendance se confirme. Dans ce contexte, la réunion du 5 octobre sera scrutée comme un test grandeur nature. Entre pressions politiques, tensions géopolitiques et arbitrage économique, l’OPEP+ joue une partition délicate: profiter des prix élevés sans casser la dynamique du marché. Une stratégie qui, selon les experts, pourrait bien redessiner l’équilibre pétrolier mondial d’ici l’hiver.



