En Algérie, l’argent liquide n’a plus le monopole. Les chiffres publiés récemment par le Groupement d’intérêt économique monétique (GIE Monétique) dressent le portrait d’un pays où le paiement électronique s’installe durablement dans les habitudes. Entre janvier et juillet 2025, plus de 5,2 millions d’opérations ont été enregistrées sur terminaux de paiement électronique (TPE), pour un montant dépassant 47 milliards de dinars – soit déjà plus que sur l’ensemble de l’année 2024. Juillet a même établi un record avec près de 858 000 transactions. Cette progression est portée par l’extension du parc d’équipements : 77 500 TPE recensés fin juillet, contre 68 000 en décembre 2024. Les cartes interbancaires CIB et Eddahabia dépassent désormais les 20,7 millions d’unités en circulation. En parallèle, le paiement sur Internet continue de battre des records, totalisant 13,2 millions d’opérations sur sept mois et 644 web-marchands actifs, contre seulement 16 en 2017. Les paiements mobiles constituent l’autre locomotive. Le m-paiement a enregistré près de 40 millions d’opérations sur les sept premiers mois de 2025, tandis que les transferts d’argent entre particuliers (P2P) via mobile atteignaient 26 millions de transactions pour une valeur colossale de 354 milliards de dinars. Simplicité d’usage, rapidité et fiabilité expliquent l’engouement, notamment dans les zones peu bancarisées. Les pouvoirs publics multiplient les initiatives pour soutenir ce virage. La carte prépayée lancée par Algérie Poste et la Banque d’Algérie lors de la Foire commerciale intra-africaine illustre cette stratégie : destinée aux visiteurs étrangers puis au grand public, elle vise à élargir l’accès aux services électroniques, réduire l’économie informelle et alléger les coûts liés à la gestion du cash. Reste que le chemin vers la généralisation n’est pas achevé. Seuls 5 % des commerçants disposeraient d’un TPE actif, et les disparités régionales en matière d’automates bancaires persistent. Mais la dynamique est enclenchée, portée par l’intégration progressive d’administrations (paiement des impôts, frais scolaires, AADL) et par la montée en puissance du commerce électronique, estimée à 1,9 milliard de dollars. Le paiement électronique en Algérie n’est plus un simple gadget technologique : c’est le cœur d’une transformation économique et sociale. À mesure que le réseau s’étoffe et que les usages se diversifient, c’est l’ensemble du système monétaire qui se modernise – avec, à la clé, plus de transparence, d’efficacité et d’inclusion financière.



