Transition énergétique: le pari algérien

À Osaka, lors de l’Expo 2025, l’Algérie s’est affichée comme l’un des acteurs montants de la transition énergétique mondiale. La délégation officielle, emmenée par Miloud Medjelled, directeur général de la prospective au ministère des Hydrocarbures et des Mines, a présenté une feuille de route claire : diversifier le mix énergétique national et faire de l’hydrogène vert un pilier stratégique. Selon un communiqué du ministère, l’ambition est double : contribuer à la neutralité carbone et positionner le pays comme hub régional de l’énergie propre. Le pays ne cache plus ses objectifs : produire 15 000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035 et exporter entre 30 et 40 TWh d’hydrogène vert à l’horizon 2040. Cette vision s’appuie sur un cadre réglementaire en cours de consolidation, des mécanismes financiers innovants et un partenariat international accru, notamment via l’Alliance africaine de l’hydrogène vert et les corridors européens South2 et SunsHyne. Ce dernier, qui connectera l’Afrique du Nord aux marchés énergivores d’Europe centrale, pourrait faire de l’Algérie un trait d’union stratégique entre deux continents, selon «Attaqa ». Dans l’immédiat, l’Algérie mise sur des projets concrets. À Arzew et Skikda, des infrastructures de stockage et d’approvisionnement en carburants propres sont en préparation pour soutenir le transport maritime durable. Air Algérie teste déjà la production locale de carburants d’aviation durables à partir d’huiles usagées. Et à Batna, l’École nationale supérieure des énergies renouvelables (ENSEREDD) lance un projet pilote de rétrofit de bus diesel en bus à hydrogène vert, symbole d’une recherche appliquée alignée sur les priorités nationales. Pour l’économiste Abderrahmane Hadef à Eco Times, cette transition représente « un levier de croissance durable », susceptible de réduire la dépendance aux hydrocarbures – encore 90 % des exportations – et de créer de nouvelles filières industrielles locales. Le Sahara, avec son potentiel solaire colossal, et l’existence d’infrastructures gazières exportables renforcent l’attractivité du pays aux yeux de Bruxelles, qui cherche à sécuriser son approvisionnement en hydrogène vert. Cette stratégie, qui conjugue innovation, diplomatie énergétique et développement durable, marque un tournant. L’Algérie veut passer du statut d’exportateur de gaz à celui d’acteur global de l’énergie verte. Reste à transformer cette ambition en réalisations industrielles massives et à inscrire l’hydrogène vert dans un modèle économique viable. Mais à Osaka, le message était clair : l’Algérie ne veut plus être spectatrice de la transition énergétique mondiale, elle entend en être l’un des moteurs.


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