Médicaments, un Observatoire face aux pénuries

La disponibilité des médicaments, enjeu vital de santé publique, devient en Algérie l’objet d’une vigilance institutionnelle renforcée. Avec la création, ce 16 septembre, d’un Observatoire national de veille sur la disponibilité des médicaments, le pays franchit un cap décisif dans la sécurisation de son approvisionnement. Cet organe intersectoriel, placé sous l’égide du ministère de l’Industrie pharmaceutique, a pour mission d’anticiper les ruptures et d’harmoniser les actions des producteurs, laboratoires et distributeurs. Il s’agit d’un outil d’alerte précoce et de coordination, censé proposer des mesures correctives avant que de simples tensions d’approvisionnement ne se transforment en pénuries. Cette vigilance s’inscrit dans une stratégie plus large d’autosuffisance pharmaceutique. En cinq ans, l’approvisionnement des hôpitaux en médicaments produits localement a bondi de 300 %, passant de 31 à 107 milliards de dinars. Une progression spectaculaire qui traduit la volonté de l’État de miser sur la production nationale pour réduire les importations et sécuriser l’accès des patients à des traitements innovants et abordables. Les médicaments anticancéreux et ceux destinés aux maladies rares — longtemps synonymes de dépendance à l’étranger — font désormais partie de l’offre locale. Le secteur public, incarné par la Pharmacie Centrale des Hôpitaux «PCH» et le groupe Saidal, multiplie les projets structurants : nouvelles unités de production, fabrication de principes actifs comme le paracétamol, et extension des capacités de stockage pour porter la couverture au-delà de 90 %. Les investissements dans l’innovation sont aussi visibles : développement d’antibiotiques enzymatiques, ouverture d’un centre de thérapie cellulaire à Sidi Abdellah — le deuxième en Afrique — et recours aux start-ups spécialisées dans le numérique et l’intelligence artificielle pour fluidifier les procédures d’alerte et de commande. En toile de fond, c’est un véritable virage industriel et sanitaire qui se dessine : renforcer l’autonomie, moderniser la distribution et, à terme, conquérir des marchés d’exportation. Pour les patients, cela se traduit par des délais plus courts, des traitements de pointe accessibles et une assurance : celle de trouver le médicament dont ils ont besoin. Avec cet Observatoire et une politique pharmaceutique offensive, l’Algérie se dote enfin des outils pour transformer l’obligation constitutionnelle de garantir la santé en réalité quotidienne.


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