En 2024, la délivrance des premiers titres de séjour aux ressortissants non européens a enregistré un léger recul au niveau de l’Union européenne. Selon Eurostat, 3,5 millions de primo-délivrances ont été enregistrées, soit une baisse de 8,3 % par rapport à 2023. L’emploi reste le motif dominant (31,9 %), suivi du regroupement familial (27,1 %), tandis que les titres pour études progressent légèrement. Mais pour les Algériens, le bilan est moins reluisant: ils se classent seulement 22ème parmi les nationalités bénéficiaires, avec 48.454 premiers titres de séjour délivrés, principalement pour raisons familiales (22.331), suivis des études (14.099). La France, premier choix migratoire pour de nombreux Algériens, suit une tendance contrastée. Selon les chiffres provisoires du ministère de l’Intérieur, le nombre de primo-délivrances de titres pour les Algériens diminue de 8,5 % en 2024, à 29.270, alors que les renouvellements explosent de 23,8 %, reflétant la présence ancienne d’une communauté installée et stable. La majorité des titres sont encore liés à la famille (40,2 %), tandis que près de la moitié des Algériens possèdent un titre pour motifs divers, incluant les renouvellements automatiques et les documents de longue durée. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte plus large de mobilité contrainte. L’Algérie se classe parmi les pays les plus touchés par les refus de visa vers la France et l’Europe, avec un taux de rejet de 43 %, derrière seulement l’Afghanistan, la Syrie et le Nigeria. Pour les jeunes Algériens, chercheurs ou professionnels, ces obstacles freinent les études et carrières à l’international. La «géopolitique du passeport» reste donc une réalité concrète: certaines nationalités bénéficient d’une mobilité quasi libre, tandis que d’autres, malgré les liens historiques ou économiques, rencontrent des barrières administratives et diplomatiques importantes. Malgré ces contraintes, le stock total de titres de séjour détenus par les ressortissants algériens augmente légèrement, à près de 650.000 fin 2024, marquant la solidité et l’ancienneté de la diaspora. La délivrance des visas «long séjour» valant titre de séjour (VLS-TS), la carte de résident ou les titres pluriannuels montrent que l’Algérie reste un partenaire migratoire majeur pour la France, même si les restrictions et les refus continuent de structurer la mobilité. Ainsi, la mobilité algérienne en France et en Europe se joue entre opportunités académiques et professionnelles, solidarités familiales et parcours semés d’embûches administratives. Les relations entre Alger et Paris vacillent, comme un fil fragile entre deux mondes liés par l’histoire. Chaque décision, chaque déclaration, devient un rappel des tensions passées et des blessures mal refermées. Pourtant, derrière les polémiques, la France et l'Occident font payer des citoyens ordinaires.