Après des mois de glissade, le blé semble vouloir relever la tête. Sur Euronext, entre le 11 et le 12 septembre, les cours ont progressé modestement : +0,25 €/t sur l’échéance décembre, +0,50 €/t sur mars et +0,25 €/t sur mai. Le maïs a, lui, enregistré des gains plus nets, jusqu’à +1,50 €/t sur certaines échéances, selon le rapport de l’USDA. Un léger souffle haussier, dopé par les marchés américains où les contrats à terme ont flambé à la suite du dernier rapport mensuel du département américain de l’Agriculture. Ce rapport a rebattu les cartes : la récolte de blé dans l’Union européenne est désormais estimée à 140,1 Mt (+1,85 Mt par rapport au mois d’août), tandis que celle de maïs est révisée en baisse à 55,3 Mt (-2,7 Mt). Aux États-Unis, les surfaces de maïs augmentent mais les rendements sont revus à la baisse ; la production reste toutefois record à 427 Mt. Dans le même temps, les stocks mondiaux de blé pour fin 2025-2026 sont portés à 264,1 Mt (+4 Mt sur un mois), reflétant une abondance globale mais aussi une redistribution des flux. Sur le terrain, la Russie continue de peser lourd. Avec une récolte attendue à 83,5 Mt et des exportations estimées à 45 Mt pour 2025-2026, Moscou maintient sa pression sur les prix mondiaux. Ses offres agressives autour de 220 dollars la tonne lui permettent de conserver des positions stratégiques sur les marchés égyptien, turc ou tunisien, au détriment des exportateurs européens. Les conditions météo sèches en zone mer Noire compliquent cependant les semis d’automne, facteur à surveiller. Malgré ce frémissement, les fondamentaux restent contrastés. Les stocks mondiaux de maïs sont légèrement revus en baisse (281,4 Mt contre 282,5 Mt un mois plus tôt), alors que ceux du blé progressent. L’Europe reste pénalisée par un euro fort et l’absence d’acheteurs majeurs comme la Chine. En toile de fond, l’augmentation des prix des intrants, notamment des engrais azotés, menace la rentabilité et les rendements futurs. Si l’abondance actuelle offre une respiration aux marchés, elle pourrait masquer un retournement à moyen terme. Entre rebond technique et stratégie russe agressive, le marché du blé reste ainsi suspendu aux rapports mensuels de l’USDA et aux aléas climatiques sur les grandes zones exportatrices.